Créée en 1999, la société militaire privée
EHC LLC est la seule société francophone,
immatriculée aux Etats-Unis, dans l’état
du Delaware, paradis fiscal bien connu.
EHC LLC a été fondée par d’anciens
officiers de renseignements français.
Bruno Trinquier, d’abord, « spécialiste »
Afrique au ministère de la Défense dans
les années 90 comme l’indique son CV.
Marc Garibaldi, ensuite. Une barbouze
connue pour avoir pris la tête d’un
commando de mercenaires d’extrême-droite chargé de renverser le président
malgache, Marc Ravalomana. Garibaldi
a aussi travaillé dans la sécurité des puits
de pétrole dans le sud de l’Algérie. Il a
également été enrôlé par l’entourage du
président sénégalais Wade pour mater la
rébellion en Casamance. En 1999, c’est
encore lui qui commande l’opération
officieuse Hadès au Congo-Brazzaville
pour encadrer les soldats du général
Sassou Nguesso et lui assurer le pouvoir
au terme d’une guerre civile sanglante.
Une mission figurant d’ailleurs sur la
plaquette EHC LLC et présentée comme
une « assistance militaire privée » de
trente personnes pour la « formation et
l’instruction de la Garde présidentielle ».
Quelques mois plus tard, en Côte d’Ivoire,
sous les ordres de Janou Lacaze, alias le
« Sorcier Aztèque », ancien chef d’état-
major, il appuyait le général Robert
Gueï à la sécurité intérieure. Depuis
2011, Garibaldi dirige la société Lynx
Investigation et Conseils.
En juin 2012, EHC LLC recrute le
général de division en retraite Jean-Pierre Pérez, ancien conseiller militaire
chargé de la garde du président
centrafricain, François Bozizé, à Bangui
de 2003 à 2006. Passé par les societés
militaires privées, Secopex de Risk
Group, cette dernière spécialisée dans
l’assistance en milieu hostile, Pérez est
chargé de positionner EHC ELL sur le
marché africain.
Son premier client n’est autre que
Bozizé, presque sans défense depuis le
départ des soldats tchadiens assurant
sa sécurité. Francis Fauchart, ancien
commando de marine, est donc chargé
de la formation des 150 hommes qui
composeront la Garde présidentielle.
Fauchon n’est pas un inconnu puisqu’il
dirigeait la garde rapprochée d’Omar
Bongo de 1998 à 2003 (Lettre du
Continent no647).
Après la Centrafrique,
Pérez lorgne sur le Mali et la formation
de son armée. En témoignent les
courriers adressés au président par
intérim Dioncounda Traoré, ainsi qu’aux
présidents Blaise Compaoré et Alassane
Ouattara mais aussi au putschiste-pied-nickelé, le capitaine Sanogo.
Une démarche surprenante alors que
la France, l’Allemagne et l’Espagne
prévoient l’envoi de plusieurs centaines
d’instructeurs militaires dont la sécurité
pourrait être assurée par... des societés
militaires privées !