Survie

Un « combat de valeurs »....

rédigé le 4 décembre 2012 (mis en ligne le 4 février 2013) - Odile Tobner

Le compte-rendu débute en ces termes :

« Le colonel Eric Burgaud assume l’ordre
illégal qu’il a donné à ses soldats, ce 13 mai
2005, en Côte d’Ivoire, en vue d’éliminer
Firmin Mahé, un coupeur de routes dont la
bande criminelle terrorisait les populations
locales.
 »

La journaliste ne s’embarrasse
pas des précautions d’usage. Firmin Mahé
n’était en effet que présumé coupeur de route,
mais foin de ces subtilités. On est en Afrique
que diable. La journaliste peint un tableau
terrifiant de la zone de Man, où les faits se
sont déroulés : « Les criminels ne peuvent être
arrêtés légalement, ils sont aussitôt relâchés
en cas d’initiative. Les miliciens multiplient les
incursions dans la zone tampon. Des émeutes,
des massacres font des centaines de morts.
 »

Elle adhère apparemment à la position de
défense du colonel Burgaud qui affirme :
« Face à l’inacceptable, qu’est-ce que vous
faites ? Il y a des barrières, du légitime, du
légal, des ordres. Ce combat de valeurs
nécessite des choix. Le 13 mai, supprimer
Mahé était la moins pire des solutions. C’est
facile d’avoir le choix entre le bien et le mal.
Le soldat choisit souvent entre le mal et le pire.
Le pire, c’était de ne rien faire. A 100 mètres
d’un poste de l’Onuci, une nuit, des gens d’un
village ont été mis dans une case à laquelle on
a mis le feu. Chez moi, cela s’appelle Oradour.
Est-ce acceptable ? Non
 »

Il est assez pittoresque d’entendre exposer, par
un militaire et par une journaliste, ce « combat
des valeurs
 » tel qu’ils le décrivent. Il l’est
moins de relever que ce qui se passait dans la
zone de Man à l’époque s’est généralisé ensuite
à toute la Côte d’Ivoire. L’armée française a
vu bien d’autres Oradour depuis sans que cela
la gêne beaucoup. RFI rapporte que l’avocat
de la partie civile, lance un appel au pouvoir
ivoirien pour qu’on lève les empêchements
à la venue de la famille de Firmin Mahé au
procès.

Notons à l’occasion qu’il y a en France,
et pas seulement dans l’armée, une conception
de la justice qui semble assez primitive. En
Norvège un terroriste tue 77 personnes. Il
est arrêté par la police et jugé. En France, un
terroriste assassine 7 personnes, il est abattu
par des policiers hypercompétents et tout le
monde est satisfait.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 219 - décembre 2012
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