Survie

Niger : Issoufou prend l’avion

rédigé le 6 janvier 2013 (mis en ligne le 16 janvier 2013) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Depuis l’arrivée au pouvoir de François
Hollande, le pouvoir nigérien ne cesse de
manifester son impatience face aux retards
pris par Areva dans le démarrage de la
mine d’Imouraren, la baisse des cours
de l’uranium rendant le gisement moins
rentable. Il craint, à juste raison, de voir
s’envoler les retombées fiscales rapides
promises lors de la signature du contrat
en 2009, Areva ayant gelé ou abandonné
plusieurs autres gisements acquis dans
d’autres pays à la même période.

Dernier
mouvement d’humeur en date, avant une
visite en France de Mahamadou Issoufou, le
gouvernement nigérien publiait en octobre
dernier un communiqué
qui dénonçait un
« partenariat très déséquilibré en défaveur
du Niger
 » dans l’exploitation de l’uranium,
cette dernière ne générant que « 5 % des
recettes du budget national
 », alors même
que la Somaïr, une des filiales d’Areva,
battait cette année son record de production.
Coïncidence, le 12 décembre dernier, l’AFP
annonçait simultanément, par la voix de
Zakari Oumarou
, président du groupe
parlementaire du PNSD (parti au pouvoir),
« une aide budgétaire sans conditions et non
ciblée de 17 milliards de FCFA (environ 26
millions d’euros)
 » de la part d’Areva, et la
décision « d’affecter 10 milliards FCFA (15
millions d’euros) pour l’achat d’un avion
présidentiel », l’actuel étant jugé trop vieux.

« Nous nous demandons si ces 17 milliards
sont un « bonus » de la part d’Areva, une
compensation au Niger suite à la non-exploitation du gisement d’Imouraren dans
les délais, ou si c’est un cadeau au président
de la République pour qu’il s’achète un
avion
 », s’interrogeait Ousseïni Salatou,
porte-parole de l’ARN (opposition). Mais
Areva dément le versement d’une telle aide
budgétaire et a même attaqué en justice, pour
diffamation, non pas les acteurs nigériens,
mais Stéphane Lhomme, de l’Observatoire
du nucléaire, pour avoir rapporté les mêmes
accusations dans un communiqué daté de la
veille.

Areva étant une société aux capitaux
très largement publics, l’Observatoire a
interpellé début janvier François Hollande,
Jean-Marc Ayrault et Pascal Canfin pour
connaître la version du gouvernement.
Affaire(s) à suivre.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 220 - janvier 2013
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