Le tribunal spécial créé en décembre 2012 pour juger Hissène Habré démarre ses activités le 8 février à Dakar sans que l’on connaisse encore la date du procès. L’ancien président tchadien (1982-1990), réfugié au Sénégal sera jugé pour crimes contre l’humanité 23 ans après sa chute.
Sous son régime sanguinaire, sa redoutée police politique s’illustre par des milliers d’arrestations, des tortures et des exécutions sommaires d’opposants et autres tchadiens simplement soupçonnés. On estime à plusieurs milliers le nombre de Tchadiens ayant ainsi subi ce triste sort à cause de leurs opinions.
Si ce procès est attendu avec impatience par les victimes du régime Habré, il permettra également de rappeler le rôle de chacun des acteurs de cette décennie noire. Notamment celui d’Idriss Déby, pilier du régime Habré jusqu’en 1989 avant de le chasser du pouvoir avec l’aide des services français.
Quand la guerre civile éclate en 1979, l’actuel président tchadien est commandant en chef des Forces armées du nord (FAN) aux côtés d’Hissène Habré pendant la rébellion contre le président Goukouni Weddeye. En 1982, Hissène Habré succède par les armes à Weddeye. Idriss Déby devient commissaire aux armées et à la sécurité mais aussi commandant en chef de l’armée nationale. Il s’illustrera lors du fameux Septembre noir, la « pacification » aveugle et sanglante de populations du sud du pays en 1984 : des milliers de victimes, des centaines de cadres sudistes liquidés et un traumastisme toujours présent.
Jusqu’en 1989, date de sa rebellion, Déby était l’un des piliers du régime, responsable de centaines exécutions sommaires. Les victimes étaient si nombreuses qu’elles ont été parfois enterrées dans des fosses communes. Pour beaucoup de Tchadiens, Idriss Déby devrait comparaître aux côtés d’Hissène Habré.