L’histoire est racontée par le président délégué du CIAN (Conseil des Investisseurs en Afrique Noire), Anthony Bouthelier :
« Un jour quelqu’un me dit : je veux investir dans tel pays. C’était à l’est de l’Afrique. Je lui dis : “Tu est fou, il y a une guerre civile et une famine.” Il me répond : “Oui, mais je veux monter une entreprise de transports parce que l’ONU vient de voter une aide alimentaire et donc je vais avoir une entreprise de camions.”
Et il a fait fortune ! Je reconnais que c’est paradoxal et c’est choquant. Mais il faut bien comprendre qu’un chef d’entreprise est un gestionnaire de risques. Donc dans une situation trouble, ça ne veut pas dire que toutes les activités s’arrêtent. Pas du tout. Il peut y avoir des activités de service, je pense ici aux entreprises de téléphonie mobile et tous les jours on voit à la télévision des gens qui appellent leurs parents au Mali. »
(France Culture, le 17 janvier).
Il faut donc reconnaître les qualités de « gestionnaire de risques » de Jean-Luc Bohé, patron d’ Orange Mali. Le déclenchement de l’intervention armée de la France date du 11 janvier, onze jours plus tard, la nouvelle tombe : « Orange Mali et MFS Africa ont annoncé aujourd’hui le lancement du service de transfert Orange Money Transfert International au Mali. Les clients Orange Money au Mali peuvent désormais recevoir de l’argent envoyé depuis l’international directement sur leurs comptes Orange Money. » (realwire.com, 22 janvier).
Risques peut-être, mais risques juteux. On lit dans Les Echos (17 janvier), à propos d’Orange : « En Afrique, malgré la modicité des revenus des abonnés et de leurs dépenses, ses marges y sont plus élevées qu’en Europe ».