Survie

L’escalade de l’intimidation au Cameroun

rédigé le 3 avril 2013 (mis en ligne le 12 avril 2013) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

La liberté d’expression, qui n’a jamais été au Cameroun qu’une liberté très surveillée est en train d’y disparaître totalement.

[Mise à jour] : Richard Djif a depuis été retrouvé. Il a été torturé pendant 10 jours.. A lire aussi : Au Cameroun, le calvaire d’un jeune cinéaste enlevé et torturé

Interdiction par la force d’un congrès de l’UPC, irruptions des forces de l’ordre pour interdire une conférence de presse sur le campus de l’UCAC, pour interdire la conférence au Hilton d’un leader de l’opposition, interdiction du débat mensuel organisé par le périodique Germinal, interdiction de réunions syndicales, de conférences de presse ou de présentations de livres à le librairie des Peuples Noirs. Un festival du film des Droits de l’homme, prévu à l’Institut français n’a pas pu avoir lieu, non qu’aucun film au programme ait eu les abus au Cameroun comme sujet, mais l’appellation seule est considérée comme subversive.

Un pas de plus a été franchi cette semaine. Un jeune cinéaste talentueux, Richard Fouofie Djimeli dit Richard Djif, a disparu depuis le dimanche 24 mars. La cause : son film « 139... Les derniers prédateurs », appelle, entre autres, à la libération des
médias, qui a été projeté les 10 et 17 mars dernier à Douala et les 13 et 17 mars 2013 à l’Institut français de Yaoundé.

Depuis ces projections, Richard Djif est l’objet de menaces de mort par téléphone. Il a porté plainte. Le langage des menaces téléphoniques trahit la logomachie des milices du pouvoir, avancée contre toute manifestation ou expression critique : trouble à l’ordre public, comme si, au Cameroun, il y avait le moindre ordre public, comme si le pouvoir en place n’était pas le pouvoir du désordre à tous les niveaux de la société.

Richard Djif, disparu le 24 mars 2013 après la projection de son film, 1239, les derniers prédateurs.

Aucune réaction pour l’instant de l’ambassade de France, bien que le film ait été projeté à l’Institut français. On attend cette fois une mobilisation internationale contre la criminalité fasciste qui se développe au Cameroun. On attend surtout de savoir ce qui est arrivé à Richard Djif.

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 223 - avril 2013
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