Annoncé avec fierté par Mme Brunon-Meunier, le procès de Pascal Simbikangwa
– surnommé « le Tortionnaire » - aux
assises sera effectivement le premier
procès contre un génocidaire présumé.
Le Collectif des parties civiles pour le
Rwanda (CPCR) relève que certains faits
seront malheureusement écartés de ce
procès, notamment des actes de torture
considérés comme prescrits.
L’association rappelle surtout qu’il
reste à gagner ce procès, qui arrive
bien tardivement, et que bien d’autres
dossiers dorment encore en France. Il y
a par contre des choses qui ne changent
pas puisque la Cour de cassation a refusé,
comme à son habitude, l’extradition
d’Innocent Musabyimana, qui devra
à nouveau être étudiée en appel. À
ce jour, la France reste donc le seul
pays qui refuse systématiquement les
extraditions de présumés génocidaires
vers le Rwanda.
Il faut cependant noter une avancée
significative pour le dossier d’un autre
présumé génocidaire, puisque Tito
Barahira a été arrêté le 2 avril pour
être conduit devant les juges du « pôle
crimes contre l’humanité ». Il a été
maintenu en détention par une décision
du 16 avril, au cours de laquelle, d’après
un communiqué du CPCR, l’avocate
générale a « rappelé que de nombreux
« présumés
génocidaires »
vivaient
en France sans avoir été jugés : « On
espère qu’un jour seront prononcées
des condamnations » », et l’association
d’ajouter : « De tels propos sont nouveaux
dans la bouche d’un avocat général et
semblent bien montrer que quelque chose
a commencé à changer ». Espérons qu’en
la matière, le changement est vraiment
pour maintenant.
Le mois d’avril a connu d’autres
nouvelles judiciaires. Ainsi, le procès
en diffamation intenté par plusieurs
militaires français à l’encontre de la Nuit
Rwandaise et du Nouvel Observateur a été annulé pour des questions de formes.
Ces publications ne faisaient que relayer
un communiqué du ministère de la Justice
rwandais présentant un important rapport
d’enquête qui recommandait l’ouverture
de poursuites pour génocide à l’encontre
de plusieurs de ces militaires. Certains
des officiers ont fait appel de cette
décision.
Dans le même temps, ceux-ci
ont essuyé un nouveau revers puisque le
journaliste Patrick de Saint-Exupéry, que
certains d’entre eux avaient également
attaqué pour avoir fait figurer leur nom
sur la couverture du livre Complices de
l’inavouable, la France au Rwanda, a vu
sa relaxe confirmée à nouveau par la cour
d’appel.