Survie

Justice expéditive pour les pirates somaliens

(mis en ligne le 10 mai 2010) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Dans le cadre de l’opération navale européenne Atalante, de lutte contre la piraterie maritime dans le golfe d’Aden, les pays européens qui surveillent leurs intérêts commerciaux et arrêtent des pirates présumés n’entendent pas pour autant encombrer leurs prisons avec des pouilleux somaliens, ni se préoccuper de leur sort en cas d’acquittement ou une fois leur peine purgée. Ils ont donc passé des accords avec certains pays pour soustraiter la dimension judiciaire et pénale. « Le Kenya sert de décharge pour les pays occidentaux qui sont réticents à juger les pirates sur leur territoire, voilà la vérité. Que faire d’eux une fois qu’ils auront purgé leur peine ? Ils ne peuvent pas les renvoyer en Somalie, pays en guerre, et ne souhaitent pas les accueillir sur le territoire, alors du coup, c’est le Kenya qui devra les garder. De leur côté, les vrais cerveaux de la piraterie, eux, ne sont pas inquiétés », expliquait ainsi un avocat Kenyan (rfi.fr, 9 avril). Affirmant que « le transfert d’un nombre largement disproportionné de pirates suspectés au Kenya pour des procès a surchargé les capacités de nos instances judiciaires et d’application de la loi », le ministre kenyan de l’Intérieur a dénoncé les accords passés et annoncé le refus du Kenya de juger de nouveaux pirates somaliens. Le 27 avril, le conseil de sécurité de l’ONU a donc voté une résolution appelant l’ensemble des Etats à se doter de lois criminalisant la piraterie maritime ou à durcir celles-ci, et demandant au secrétaire général de l’ONU « de présenter au Conseil d’ici trois mois un rapport présentant plusieurs projets de système légal international renforcé qui permettrait de traiter les actes de piraterie et les attaques à main armée ayant lieu en mer, au large de la Somalie. Les différentes options devraient notamment proposer la création d’instances judiciaires nationales, éventuellement avec une composante internationale, un tribunal régional ou un tribunal international, ainsi que les diverses dispositions possible en matière de détention. » (AFP, 27 avril) En attendant, les différents pays chasseurs de pirates n’auront qu’à faire comme la France, qui avait déjà trouvé une solution plus expéditive. Arrêtés le 13 mars par les militaires français, 22 pirates somaliens ont été reconnus coupables dès le 22 mars et condamnés à 6 ans de prison au Puntland. « Un verdict qui fait grincer des dents de nombreux pays et les Nations unies pour qui la justice du Puntland est bien loin de remplir les standards internationaux. En outre, dans un récent rapport de l’ONU, les autorités du Puntland sont accusées d’être complices des pirates. » (rfi.fr, 20 mars) Mais s’il fallait s’arrêter à ce genre de détails…

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 191 - Mai 2010
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