En acquérant à Paris,
au printemps 2012, un
appartement de sept
millions d’euros, alors qu’il
ne paie aucun impôt sur
le revenu, Thomas Fabius,
fils du ministre des Affaires
étrangères a attiré sur lui une
attention finalement assez
fugace. L’article du Point qui
a fait cette révélation n’a en
effet eu qu’un modeste écho.
Le passé récent de ce fils de famille
aventureux est marqué par sa
relation avec Patrick Ulanowska,
dont il a été le factotum, ce qui l’a amené
une première fois devant la justice pour une
escroquerie de 90 000 euros. Le parcours
de ce Français d’ascendance polono-malienne, diplômé en droit et sciences
politiques, est typiquement françafricain.
Passé par SOS racisme et la fondation
Danielle Mitterrand, il fait ses débuts
comme responsable d’Afrique Business,
un de ces éphémères magazines africains
sur papier glacé comme il y en a tant. En
1992, il tente en vain de lancer Afrique
Investir avec des fonds en provenance de
l’État ivoirien, gouverné alors par Alassane
Ouattara, et des groupes franco-ivoiriens
associés. En 2002, associé au Gabonais
Nicaise Moulombi, PDG de Univers
Communication Plus, il négocie un accord
de partenariat entre Jacques Dupuydauby,
PDG du groupe espagnol Progosa et le
directeur général du port de Libreville. Il
se plaindra ensuite de ne pas avoir reçu
l’intéressement promis.
On le retrouve
en 2005 chef du protocole et conseiller
politique et diplomatique d’Abdou Diouf,
secrétaire général de l’Organisation
internationale de la francophonie. En
2007, il est PDG de la société Unipay’s
au Luxembourg, qui doit commercialiser
la maâtcard, carte de paiement acoustique.
Le lancement est prévu en 2008 au
Cameroun avec l’agrément de la BEAC
et des partenaires locaux, proches de Biya,
parmi lesquels on trouve Mohamadou
Dabo, consul honoraire de Corée du Sud
au Cameroun et président d’un fonds
d’investissement du Sud asiatique, Cole
Shade Sule, jeune diplômé d’origine
camerounaise, Hatem Farag, jeune
entrepreneur d’origine égyptienne, Eric
Laurent Ricard, ingénieur et expert près la
cour d’appel de Paris, Serge Doh, Ivoirien
installé aux États-Unis. Le groupe réalise
une première augmentation de capital d’un
million d’euros. Cette phase est suivie de
l’arrivée de deux nouveaux actionnaires,
Albert Kouinche, fondateur et président
d’Express Union, premier réseau de
transfert d’argent domestique en Afrique
centrale, et Victor Djimeli, fondateur
et président d’un groupe comprenant
plusieurs sociétés dans le commerce et
la distribution au Cameroun. Unipay’s
projette alors une augmentation de capital
de huit millions d’euros, avec l’implication
de Charles Millon, ancien ministre
français, et de Christiane de Livonnière,
présidente d’Intelstrat et ancien chef de
cabinet de François d’Aubert, ancien
ministre français également et l’annonce de
l’arrivée d’un fonds d’investissement (Les
Afriques, 5 février 2008).
Les promesses
ne semblent pas avoir été tenues puisqu’en
février 2009, Patrick Ulanowska engage
Thomas Fabius pour collaborer avec
lui dans la recherche d’investisseurs et
trouver les millions d’euros nécessaires.
La recherche est peu fructueuse et Thomas
Fabius se retrouve poursuivi pour avoir
dilapidé l’apport d’un investisseur crédule,
Ali Hamadi, affaire réglée par un accord
judiciaire. Officiellement Thomas Fabius
est aujourd’hui PDG de TF Conseils,
conseil en immobilier. Patrick Ulanowska,
après l’échec d’Unipay’s est devenu en
2010 PDG de Digipay, sise elle aussi au
Luxembourg ; il projette de commercialiser
une carte acoustique maintenant dénommée
Wega, et a trouvé suffisamment de
capitaux pour acheter à l’opérateur de
télécommunications Prosodie, les brevets
nécessaires.
Dans les intervalles de ses
diverses activités, Patrick Ulanowska,
qui se présente aussi comme homme de
presse écrite et de télévision (Euronews et
TV5), a publié une Histoire illustrée de la
gauche française (Le pré au Clercs 2002)
et Dans le secret des maîtres du monde,
avec Christian Malard et Jean-Eric Perrin
( La Martinière 2012).