Selon notre gouvernement, la France de 2025 n’a rien à craindre de son parc de cinquante-huit réacteurs nucléaires, parc vieillissant dont le plus ancien est situé sur une faille sismique ; du chômage massif et de la paupérisation croissante de sa société ; de la faillite de l’ensemble de ses services publics ; de l’explosion des dépenses budgétaires nées des guerres sans fin menées par ses armées. Non, la France de 2025 n’est menacée que par deux choses : l’Islam et « la démographie très importante » de l’Afrique, dixit notre ministre de l’intérieur - il faut sans doute comprendre « croissance démographique » -, sans que ces propos aient suscité la moindre opposition de ses collègues roses ou verts [1].
Notre ministre national et socialiste ne fait là que resservir, sous une forme qui se voudrait celle du constat objectif, les propos ouvertement racialistes qui firent sa gloire et selon lesquels les marchés de sa ville d’Évry manquaient de « White, de blancs, de blancos » - la vulgarité de la pensée tentant de se dissimuler sous l’emploi de l’anglais n’est pas sans rappeler Finkielkraut, dont le fameux « black black black » a donné une forme impérissable à l’obsession négrophobe. La nécessité évoquée de revoir la politique migratoire n’est qu’un prétexte pour entretenir dans la psyché collective l’image d’un déferlement de masses africaines. Le procédé n’est pas nouveau : il s’agit de protéger les classes dirigeantes de la colère populaire en la détournant vers les habituels boucs émissaires. La restriction annoncée des conditions du regroupement familial exprime également la volonté de préserver l’ethnie blanche, quitte à violer un droit fondamental.
En réalité, l’Afrique, avec 33 habitants au km2, est un continent dépeuplé par la traite et les massacres coloniaux, et son rythme actuel de croissance démographique n’est qu’un rattrapage de l’Europe, 60 habitants au km2, et de l’Asie, 96 habitants au km2. Ce dépeuplement a fait d’elle la proie d’une Europe à la recherche de nouvelles ressources pour nourrir un développement exponentiel. La mise en coupe réglée de l’Afrique au bénéfice de l’Occident se poursuit aujourd’hui. La perpétuation du mode de vie occidental serait impossible sans l’exploitation des richesses africaines. Les ressources abondantes de ce continent sous-peuplé suffiraient à assurer un niveau de vie suffisant à ses enfants, si elles n’étaient pas exploitées au bénéfice presque exclusif des firmes occidentales. C’est ce pillage qui est mis en danger par l’explosion démographique africaine, et rien d’autre.
On s’étonne quand même de la négrophobie gouvernementale, à un moment où l’État français renforce les liens militaires et économiques qui constituent la Françafrique – occupation militaire du Mali, installation de Ouattara à la tête de la Côte-d’Ivoire, renforcement de Déby au Tchad, caution des élections truquées au Cameroun, au Togo, au Gabon, etc. Si l’évolution démographique de l’Afrique inquiétait vraiment Manuel White, il devrait militer en faveur d’une véritable souveraineté des peuples d’Afrique francophone, seule à même de leur permettre de jouir de leurs propres richesses. En réalité, M. White ne fait que répandre l’idéologie de ceux qui favorisent sa carrière. On sait en effet que la « gestion démographique de la planète » est une obsession dans certains milieux dirigeants que White se flatte de fréquenter.
Tant il est vrai qu’aucun fanatisme ne menace davantage la sécurité des peuples que celui de l’arrivisme.
[1] Contrairement aux propos de Valls sur les roms auxquels la Ministre Cécile Duflot a réagi