Arte a diffusé le mardi 15 octobre un documentaire sur l’affaire Karachi, intitulé « L’argent, le sang et la démocratie », inspiré du travail des journalistes Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi.
Ce documentaire, limpide et pédagogique, met en lumière les tenants et aboutissants de cette affaire politico-financière : le soupçon de financement occulte de la campagne présidentielle de Balladur en 1995 via des rétrocommissions issues de contrats d’armement signés avec le Pakistan et l’Arabie Saoudite.
Le tout aurait été orchestré par un réseau d’intermédiaires en lien direct avec Balladur et ses proches collaborateurs. Sept ans plus tard, onze ingénieurs français travaillant sur un de ces contrats d’armement ont été tués au Pakistan dans un attentat, et l’hypothèse de représailles suite au non-versement d’une partie des commissions prévues semble aujourd’hui être la plus solide.
Ce documentaire a le mérite de braquer les projecteurs sur des mécanismes déjà bien connus en Françafrique : financement occulte de partis politiques, corruption au plus haut niveau dans le domaine des contrats d’armement, montages financiers via des sociétés offshore, manipulation ou obstruction de l’enquête judiciaire, absence de contrôle parlementaire, le tout motivé par la lutte pour le pouvoir et sur fond de stratégies politiciennes.
Il aura malheureusement fallu que des Français en soient victimes, pour que le scandale éclate au grand jour. Quand les mêmes mécanismes font des victimes africaines depuis plus de 50 ans, le scandale reste dans l’ombre.