Un rapport de l’ONG CCFD-Terre Solidaire épingle le groupe Perenco pour les ravages de
l’exploitation pétrolière au Congo-Kinshasa.
Perenco est un acteur indépendant
majeur du pétrole, une compagnie
pétrolière francobritannique
qui
n’aime rien tant que la discrétion, l’opacité
des paradis fiscaux et le noir du brut
qu’elle exploite… Si Perenco est jeune
(créée en 1975), sa croissance a été
fulgurante et elle déploie aujourd’hui ses
activités d’exploration et de production
dans 16 pays.
Elle est notamment bien
présente en Afrique : au Gabon, au
Cameroun (où elle exploite le gaz au large
de Kribi qui fournit la nouvelle centrale
thermique financée par l’AFDProparco),
en Tunisie (où elle exploiterait du gaz de
schiste) et en République Démocratique
du Congo où elle est, à l’heure actuelle, la
seule compagnie exploitant du pétrole.
C’est justement l’impact de ses activités
en RDC qui est dénoncé dans le rapport «
Pétrole à Muanda : la justice au rabais »
publié par le CCFDTerre
solidaire.
Pollution, violence, sousdéveloppement
Après deux ans d’enquête avec des
organisations congolaises, le constat est
accablant. Impact social nul, faible
nombre d’emplois créés, sérieux doute sur
les chiffres réels de la production (l’État ne
veut pas et ne peut pas contrôler les
volumes réellement extraits et exportés du
pays), fuites répétées de brut, pollutions
des eaux, des sols, de l’air, destruction des
récoltes et des ressources en poissons,
répression de villageois protestataires
(avec la complicité de l’entreprise),
travailleurs souspayés
et représailles
contre les meneurs de grèves...
Le rapport relate par le détail les impacts
des activités de l’entreprise en s’appuyant
notamment sur des documents de
doléances remis par les habitants aux
membres de l’ONG catholique, sur des
documents internes de l’entreprise et sur
une première étude d’impact réalisée par
l’association congolaise ADEV (Boma,
BasCongo).
Cette étude révèle un pH
anormalement élevé dans les rivières et les
sols de Muanda, un air saturé de dioxyde
de carbone et de souffre issu des torchères
de gaz placées à quelques mètres des
villages. Les eaux d’exploitation
(officiellement traitées par l’entreprise) et
rejetées jours après jour à la mer
contiennent des résidus d’hydrocarbures
80 fois supérieurs aux normes autorisées.
Santé, les poissons ! Autre exemple
glaçant du cynisme de l’entreprise, le
rapport révèle que, selon des témoignages
de travailleurs, des déchets toxiques
(boues des forges mélangées à des
produits chimiques et dangereux) seraient
parfois enterrés à proximité des puits.
Cette réalité, les organisations de la société
civile congolaise la connaissent bien, et
après des années de mobilisation, le Sénat
congolais vient enfin de diligenter une
commission d’enquête.
Son rapport, rendu
public ce moisci,est accablant : manque
de collaboration de l’exploitant qui a tenté
de dissimuler les informations et tenter de
détruire des preuves, impacts cumulés de
la pollution importants, urgence à
intervenir pour dépolluer l’environnement
de Muanda. Un premier pavé dans la
marre de Perenco Rep et, qui sait, peutêtre
le signe du réveil des élus congolais.