Survie

Les nouveaux habits de la vieille coopération militaire

rédigé le 5 janvier 2014 (mis en ligne le 13 janvier 2014) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Le vice amiral d’escadre Marin Gillier,
chef de la Direction de la Coopération de
Sécurité et de Défense (DCSD), expliquait
(Chronique Lignes de Défense, RFI, 1/12)
 : « La DCSD travaille beaucoup sur le
conseil aux hautes autorités, en mettant
des coopérants auprès de chefs d’Etat, de
ministres ou de chefs d’Etat major
d’armées.
 » Depuis la réforme de la
coopération militaire française de 1998
cette pratique était pourtant officiellement
révolue.

Selon le rapport du député
Cazeneuve en 2001, consacré au suivi de
cette réforme, « la coopération de
substitution [quand des militaires
français commandent directement des
troupes africaines] a théoriquement pris
fin, de même que la coopération militaire
auprès des autorités publiques (…). Tous
les postes de coopération auprès des
autorités politiques (Chefs d’État,
Premiers ministres) ont été supprimés.
N’ont été maintenus que les postes de
conseillers auprès des hautes autorités
militaires, à l’exception des postes au
sein des gardes prétoriennes, qui ont
aussi été supprimés.
 »

Certes, on savait
déjà que tout ceci n’était pas vrai et que
des coopérants avait parfois été maintenus
pour conseiller des chefs d’Etat (par
exemple en Centrafrique au moins
jusqu’en 2008), et souvent remplacés par
des militaires agissant «  à titre privé ».

Renseignements pris sur le site de la
DCSD (qui s’occupe désormais
globalement de la coopération en matière
de sécurité, et non plus seulement de son
volet militaire), on constate effectivement
« l’affectation ponctuelle ou prolongée de
coopérants militaires, gendarmes ou
policiers auprès de hautes autorités
(primature, ministère de la Défense, état-major,
ministère de l’Intérieur…)
 » pour
des missions d’ « audit et de conseil » afin
d’« évaluer tout ou partie de l’outil de
sécurité et de défense (…) en tentant
d’apporter des solutions concrètes et
adaptées au pays considéré.
 » Mais
inutile de s’inquiéter : «  L’objectif est de
favoriser la progression de l’Etat de droit.
[en gras dans le texte]
 » Défense… de
rire.

Et puis chacun sait que les militaires
français ne font ni politique ni ingérence
en Afrique, et surtout pas auprès des
régimes autoritaires…

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 231 - janvier 2014
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