« Il n’y a pas de dignité sans liberté : nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage », le peuple guinéen sera gâté : il aura la pauvreté mais
également la répression, la dictature.
Cette réponse cinglante à De Gaulle, en
visite à Conakry le 25 août 1958, pour convaincre, en vain, la Guinée
d’accepter la Communauté Franco-Africaine, signera le début de la mission « déstabilisation Guinée » par la machine Françafrique. Sékou Touré a pourtant
remis son discours à Jacques Foccart quelques jours plus tôt.
Mais « Monsieur Afrique » ne l’a pas transmis à de Gaulle. Le SDECE (Service de
Contre-Espionnage Extérieur) n’a pas ménagé ses efforts pour le destituer du
pouvoir. La première tentative de déstabilisation vise l’économie guinéenne
c’est « l’opération Persil ». Les services secrets français ont fabriqué des
faux francs guinéens. L’économie du pays, déjà malade, traverse une grosse
période de crise ce qui oblige la dévaluation du franc guinéen. Pour Foccart, Sékou
Touré est l’ennemi public numéro un. Outre son charisme et le fait qu’il
pourrait influencer les pays voisins, son rapprochement avec l’URSS ne plaît
pas du tout au chef de la cellule Afrique de l’Elysée. À la suite des nombreux
coups d’Etats dont il est la cible, le « grand Syli » a fait preuve d’une
paranoïa incontrôlable, ce qui provoque l’arrestation de nombreux opposants
politiques présumés. Le symbole de cette répression est le Camp Boiro où près
de 50 000 personnes périrent…
Malgré tout, Sékou Touré était un anti-impérialiste et panafricaniste,
ses seuls alliés de la région sont le Malien Modibo Keïta et le ghanéen Kwame
Nkrumah. Ce n’était pas du goût de la France avec qui il rompt les relations
diplomatiques de 1965 jusqu’à la visite officielle de Giscard d’Estaing à
Conakry en 1978. Sékou Touré fera, lui, sa visite « réconciliatrice »
en France en 1982.
Deux ans plus tard, le 26 mars 1984 l’enfant de Faranah (son
village natale) décède brutalement dans un hôpital de Cleveland. Ironie de l’histoire,
malgré les innombrables tentatives de putsch ou d’élimination, Sékou Toure est mort de mort naturelle !