Survie

Problème de définition

rédigé le 3 mars 2014 (mis en ligne le 5 mai 2014) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Pascal Canfin veut y croire, ou en tout cas
nous y faire croire : sa loi d’orientation et
de programmation sur le développement
et la solidarité internationale, en pleine
navette parlementaire, va signer la fin de
la Françafrique, « cette fois­-ci c’est vrai ».

Au journaliste qui lui demande pourquoi,
il explique que c’est « la première loi de
toute l’histoire de la République sur ce
sujet. Pourquoi, parce que justement
jusqu’à présent, il y a pu avoir des
déclarations d’intention, mais il y avait
toujours un frein, il y avait toujours un
Claude Guéant à l’Élysée qui pouvait
distribuer des budgets d’aide au
développement en toute opacité, sans en
être redevable auprès de quiconque
 »
(France Inter, 23 février). Et le ministre
du développement de s’emballer : « Nous
allons mettre cette politique qui relevait
jusqu’à présent du monopole de l’exécutif,
c’est à dire qu’il n’y avait pas de contrôle
parlementaire, c’était une exception, et
bien nous allons mettre cette politique
sous le contrôle du parlement. (...) Avant
l’été, nous aurons mis fin à une exception,
liée à ce qu’on a pu appeler la politique
africaine de la France ou la
Françafrique
 ».

Un grand coup d’intox,
en amalgamant la gestion de l’aide
publique au développement (APD) et la
Françafrique, dont il sait bien qu’elle ne
se résume pas à l’opacité entourant les
flux d’APD française.

Le contrôle de ces derniers était pourtant
déjà à la portée des députés chaque année
au moment de l’examen du projet de loi
de finances, mais souvent sur la base
d’informations partielles et en ne leur
donnant pas le mandat explicite d’en
discuter les orientations politiques :
certains ne se privaient pas pour le faire,
preuve que cela était tout de même
possible, mais aucun parti n’en avait fait
une priorité et les rares critiques restaient
donc lettre morte.

Si la nouvelle loi va permettre de saisir
officiellement les députés de questions
relatives au pilotage de l’APD, et a priori
désormais sur la base d’informations
exhaustives (du moins on l’espère..), elle
n’entraînera
aucune
saisine
des
parlementaires sur d’autres volets
institutionnels de la Françafrique, tels que
le contrôle français du Franc CFA ou les
interventions de troupes d’élite sous
commandement direct de l’Elysée. Vu
d’où on part, si chaque petit progrès est
l’occasion de telles déclarations, on n’a
pas fini d’entendre célébrer la fin de la
Françafrique.

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 233 - mars 2014
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