Michel Tomi, empereur des jeux en Afrique, vient de faire son retour dans l’actualité médiatique et judiciaire. Et il est bien accompagné...
Celui que Le Monde désigne, dans une enquête parue le 28 mars, comme le probable « parrain des parrains » français, a fait fortune en Afrique en y introduisant le PMU, avant de se construire un véritable empire financier. Entre temps, on avait notamment entendu parler de lui dans l’affaire du casino d’Annemasse.
Ce très proche de Charles Pasqua avait été condamné pour financement occulte du RPF. Son associé, Robert Feliciaggi, autre figure qui a prospéré au croisement des réseaux corses, maffieux, d’Elf et des services secrets, fut abattu à Ajaccio en 2006 avant d’être jugé.
C’est aujourd’hui dans le sillage de l’enquête sur le cercle Wagram que Tomi réapparaît : trois suspects en cavale en Afrique mènent grand train, apparemment grâce à Tomi. Les enquêteurs se penchent alors sur les flux financiers de ce dernier et depuis juillet 2013, une information judiciaire aurait été ouverte pour « blanchiment aggravé en bande organisée », « abus de biens sociaux » et « faux en écriture privée ».
Or Tomi n’est pas seul dans le viseur de la justice française : « L’homme est soupçonné de blanchir en France une partie de l’argent gagné en Afrique. Et de financer des présidents africains. Plusieurs chefs d’Etat seraient impliqués dans le "système Tomi" », résume Le Monde. Michel Tomi et son fils, Jean-Baptiste, sont en effet des habitués des présidents gabonais, tchadien et camerounais. Au Gabon, après une période faste, leur influence aurait « reculé à mesure que celle du directeur de cabinet d’Ali Bongo, Maixent Accrombessi, grandissait ».
Mais les Tomi auraient trouvé une nouvelle terre d’abondance au Mali (où ils étaient déjà dans les meilleurs termes avec le président Alpha Oumar Konaré lorsque Pasqua était aux affaires), au point de relancer l’enquête : « En mars, les magistrats ont frappé fort : ils ont demandé un réquisitoire supplétif au parquet, afin d’étendre leurs investigations à des faits de "corruption d’agent public étranger". Leur cible : Ibrahim Boubacar Keita, président du Mali depuis septembre 2013, activement soutenu par la France ».
Les Tomi ont en effet été aux petits soins avec IBK pour assurer ses déplacements, sa sécurité et ses séjours luxueux en France, ou pour faciliter sa campagne électorale au Mali. Mieux, IBK serait actionnaire de la salle de jeux Fortune’s club, au casino de Bamako, détenu par les Tomi, et, selon le journaliste Nicolas Beau (Mondafrique, 23 mars), ces derniers « conseillent le nouveau président malien, IBK, qui les consulte à tout propos ».