Des militants du collectif Action
Citoyenne pour l’Algérie ont protesté
devant l’Élysée et l’ambassade des États-Unis
pour dénoncer la « caution apportée
à la dictature algérienne ».
Avec un score
officiel de 81,5 %, Abdelaziz Bouteflika
(réapparu publiquement pour la première
fois depuis 2 ans, en fauteuil roulant) s’est
offert une nouvelle réélection « à la
Brejnev » pour reprendre l’expression
d’un diplomate états-unien
commentant la
présidentielle algérienne de 2009, dans
un câble diplomatique révélé par
Wikileaks.
La présidence française a
salué l’élection dans un communiqué,
certes court, mais plein de « souhaits de
succès », d’« esprit d’amitié et de
respect », de « liens exceptionnels » et de
« vœux chaleureux », où on cherchera en
vain toute critique ou même distance face
à ce score écrasant.
L’opposition algérienne dénonce tout
particulièrement les taux de participation
qui ont été annoncés par les autorités. Le
Monde (19/04) rapporte les propos
d’Amira Bouraoui, du collectif Barakat :
« Visiblement, les imams ont reçu des
instructions pour dire que le peuple avait
voté pour la stabilité et qu’il ne fallait pas
suivre ce que disent les intellectuels [qui
dénoncent le résultat]. C’est fou ! L’Etat
utilise la religion. Ils l’avaient déjà fait
une fois et ça a mal tourné ». Il est vrai
que depuis 1992, les généraux qui tirent
les ficelles dans l’ombre du pouvoir civil
n’ont pas hésité à instrumentaliser et
manipuler le terrorisme islamiste.
L’Union européenne s’est faite plus
discrète, n’ayant d’ailleurs pas déployé de
mission d’observation de l’élection,
apprenant peut-être
de ses erreurs lorsque
ce type de mission avait été dénoncé
comme caution à des élections
frauduleuses, au Togo notamment.
Pour la France et les Européens, le régime
algérien reste un atout de poids, tant pour le
rôle qu’il est sensé jouer contre le terrorisme
au Sahel que pour les hydrocarbures que le
pays fournit : un tiers de la consommation
européenne en provient...