Survie

Le rôle de la France en Centrafrique questionné à l’ONU

rédigé le 28 avril 2014 (mis en ligne le 1er juillet 2014) - Mathieu Lopes

D’après Abakar Moustapha, porteparole
de la communauté
musulmane du quartier dit « PK5 » à Bangui, des soldats
français de Sangaris seraient responsables de la mort de civils
le 24 avril.

Venus inspecter une maison suspectée d’abriter des
armes, les militaires se seraient heurtés à « des jeunes
manifestant leur colère
 », dont certains ont fait usage d’armes à
feu, face à qui ils auraient « réagi de manière
proportionnée
 » : un hélicoptère aurait été utilisé et des tirs
d’armes lourdes auraient été entendus pendant plusieurs
heures. D’après Abakar Moustapha, 5 civils auraient été tués,
18 blessés et trois maisons auraient été détruites.

L’agence Inner City Press avait interrogé les Nations Unies sur
un précédent événement où des militaires français ont été
accusés d’avoir tué des civils en Centrafrique. L’ONU avait
alors promis de mener une enquête, dont aucun résultat n’a
encore été annoncé.

Plus généralement, des critiques ont été soulevées sur
l’inclusion du Tchad, connu pour le recours à des enfants-soldats,
dans les missions menées au Mali et en Centrafrique,
sans que les représentants français ou Hervé Ladsous, le
responsable des opérations de maintien de la paix à l’ONU,
daignent répondre.

En janvier dernier, Navi Pillay, Haute commissaire des Nations
Unies pour les droits humains, chargée d’enquêter sur la
situation en Centrafrique avait relevé que «  le déploiement des
soldats français […] a, dans une certaine mesure, dissuadé de
nouvelles attaques d’ampleur des ex-Séléka
contre les anti-Balaka
et les civils chrétiens. Cependant, le désarmement des
ex-Séléka
mené par les forces françaises semble avoir laissé
les communautés musulmanes vulnérables aux représailles des
anti-Balaka

 ». Interrogé sur ce constat, l’ambassadeur français
à l’ONU, Gérard Araud, avait balayé la question en affirmant
qu’il «  n’y [avait] pas de rapport Navi Pillay ». Tout est
question de vocabulaire, car on trouve pourtant bien sur le site
des Nations Unies le texte qui soulève ces questions...

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 235 - mai 2014
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