Maintes fois critiqué pour sa coopération
décentralisée avec Ouagadougou, le
socialiste Michel Destot, qui siège par
ailleurs au côté de Noël Mamère au
Conseil d’administration de l’AFD en tant
que député nommé par le président de
l’Assemblée nationale, n’a pas résisté aux
charmes d’un dernier séjour dans la
capitale burkinabè avec sa casquette de
maire de Grenoble.
Venu « à la tête d’une
importante délégation » selon le portail de
la mairie de Ouaga, celui qui avait décidé
de ne plus se présenter à sa propre
succession, lors du scrutin municipal
débutant moins de 3 semaines après, a
ainsi signé le 5 mars une nouvelle
convention triennale engageant sa
commune pour la période 2014-2016,
donc juste quelques jours avant de quitter
le fauteuil de maire... que son opposition
de gauche a ravi à son dauphin désigné.
Et
alors que les critiques essuyées à ce sujet
portaient le plus souvent sur la caution
politique qu’il apportait à son homologue
Simon Compaoré, cadre dirigeant du parti
au pouvoir reçu en grande pompe par
Grenoble puis s’affichant fièrement à ses
côtés dans les médias burkinabè, le
Grenoblois sortant n’a pas hésité à passer
une nouvelle fois la brosse à reluire à l’ex-maire
de Ouagadougou, qui avait
raccroché son tablier un an plus tôt : « A
l’occasion, Michel Destot a indiqué que
l’ancien maire de Ouagadougou, Simon
Compaoré, a su s’inscrire dans cette
logique pour l’amélioration des conditions
de vie de ses administrés. Le maire de
Grenoble a ainsi traduit sa reconnaissance
à l’ancien édile pour sa grande
contribution au développement de la
capitale burkinabè » (www.mairieouaga.
bf, 7/03).
Des « relations amicales »
saluées par le nouveau maire de Ouaga,
Marin Casimir Ilboudo, qui connaît déjà
bien les modalités de cette coopération,
pour faire partie du conseil municipal
depuis une quinzaine d’années.
Le député français, dont l’équipe
municipale n’avait de cesse d’expliquer
qu’il était impossible de mener une
coopération décentralisée sans un
affichage ostentatoire auprès de caciques
du pouvoir, n’a donc pas hésité, lors de cet
ultime séjour, à doubler une fois de plus
l’engagement technique de la ville de
Grenoble d’un soutien politique à l’une des
pires crapules de la capitale ouagalaise.
Un
soutien appréciable pour Simon
Compaoré, qui tente avec d’autres, depuis
quelques mois, de se démarquer d’un
pouvoir chaque jour plus menacé par la
pression de la rue burkinabè.