Le Conseil des Droits de l’Homme
(CDH) des Nations Unies a adopté, jeudi
26 juin, une résolution prévoyant
notamment la création d’un instrument
international juridiquement contraignant
sur les entreprises transnationales et les
Droits Humains.
En effet, alors qu’il n’existe à l’heure
actuelle aucun dispositif international
capable de sanctionner les violations
perpétrées par les multinationales, ce
texte prévoit la constitution d’un groupe
de travail intergouvernemental pour
définir la forme et la portée d’un tel
instrument. Si ce texte est un pas dans la
bonne direction, le chemin pour mettre
fin à l’impunité des acteurs économiques
reste encore long.
Détail curieux : bien qu’il ne s’agisse à ce
stade que de la création d’un groupe de
travail, la France a voté contre. De même
que tous les pays européens membres du
CDH, les États-Unis
et le Japon. En
revanche, l’Algérie, le Bénin, le Burkina
Faso, l’Éthiopie, le Kenya, le Maroc, la
Namibie et l’Afrique du Sud ont voté en
faveur d’une juridiction contraignante
pour les multinationales. C’est à se
demander où profitent les activités des
multinationales, et où elles posent
problème…
La France, qui n’a de cesse par la voix de
ses gouvernants de se proclamer la
grande amie du continent africain, ne
souhaiterait donc pas que les violations
des Droits Humains commises par des
multinationales soient sanctionnées ? Que
les personnes victimes du travail forcé et
infantile, d’éviction, de pollutions
extensives, de bastonnades, et autres
cadeaux dont certaines entreprises
gratifient régulièrement les populations
des régions où elles opèrent, puissent
obtenir réparation ?
Qui sert le gouvernement français au
juste ? Les peuples ? Areva, dont les
activités d’extraction d’uranium au Niger
génèrent des pollutions radioactives
massives et des problèmes sociaux
récurrents ? Amesys, qui fait l’objet d’une
information judiciaire pour complicité de
torture suite la vente de son système
d’interception des télécommunications à
la Libye de Khadafi, lequel a servi à
traquer les opposants au régime ?
Bolloré, régulièrement cité parmi les
champions français de l’accaparement de
terres ?
Quelques jours plus tôt, le représentant
de la section française de l’ONG Human
Rights Watch, faisait dans une tribune du
Monde (23/06) le bilan de « la politique
étrangère » de François Hollande au
prisme des « droits de l’homme ». Il
déplorait notamment un « dérapage
progressif de la diplomatie française
d’une posture de gêne à l’égard des
régimes autoritaires reçus discrètement à
l’Elysée à une attitude plus
"décomplexée" de "business avant tout"
au nom du "redressement économique" ».