Les déclarations de Macron à la présidentielle de 2017 qualifiant la colonisation de « crime contre l’Humanité » sont décidément bien lointaines. C’est aujourd’hui la politique du « en même temps » qui prévaut sur les questions historiques et mémorielles : quelques petites avancées soigneusement encadrées (la commission Duclert semblant devenir le modèle ad hoc pour déminer les dossiers sensibles) mais un verrouillage des archives maintenu pour ne pas mécontenter les militaires ; et des déclarations bien senties pour brosser l’électorat le plus réactionnaire dans le sens du poil. Dernière en date, l’histoire de la France et de l’Algérie : « C’est une histoire d’amour qui a sa part de tragique », a expliqué Macron (Francetvinfo.fr, 26/08) en marge de sa visite officielle au président Tebboune. C’est sûr que Bugeaud et Massu étaient de grands sentimentaux. Cerise sur le gâteau, une tribune du chercheur Paul-Max Morin dénonçant la « droitisation de Macron sur la question mémorielle » a été retirée du site internet du Monde pour apaiser la colère présidentielle. Selon le service de presse de l’Élysée, les déclarations de Macron auraient été mal interprétées car elles caractérisaient la période actuelle, et non la période coloniale. Une signification qui reste problématique, mais qui de plus est contredite, comme le relève Mediapart (03/22), par les propos présidentiels tenus le même jour devant les expatriés français, avec la même formule (« histoire d’amour ») qualifiant cette fois l’histoire de la France en Algérie...