Arrivé au pouvoir par l’assassinat de
Thomas Sankara en 1987, le très
françafricain Blaise Compaoré n’entend
pas quitter son fauteuil de président-dictateur
du Burkina Faso, bien que son
mandat se termine en 2015.
Il suffit pour
cela de réviser la Constitution de 1991, et
ça ne sera pas la première fois : la
limitation du nombre de mandats avait
ainsi été supprimée en 1997, pour être
réintroduite en 2000, en même temps que
l’abandon du septennat au profit du
quinquennat, entré en vigueur en 2005.
Blaise trouve ainsi toujours une argutie
juridique pour se présenter : en 1991
comme président du Front populaire du
Burkina Faso ; en 1998 pour son second
septennat ; en 2005 et en 2010 pour ses
deux quinquennats.
L’opposition, qui tente
de se structurer, pourrait cette fois
menacer le régime, au point que d’anciens
piliers du parti au pouvoir ont rejoint ses
rangs en janvier – les rats quittent le
navire, s’est dit la rue ouagalaise. Du côté
de la société civile, le mouvement du
« Balai citoyen » initié par les chanteurs
Smockey et Sams’K le Jah ajoute un élan
indépendant de tout parti politique à cette
vague populaire qui réclame l’alternance.
A un journaliste lui demandant s’il y aura
un référendum sur la modification de la
Constitution malgré la contestation de
l’opposition, Blaise Compaoré rétorquait :
« C’est pour cela même qu’il faut un
référendum, c’est ça qui doit justement
départager les uns et les autres. (…) Nous
sommes dans un débat démocratique
normal, il y a ceux qui sont pour et ceux
qui sont contre. Et je crois que la
Constitution a prévu qu’il y ait des
situations où le recours au référendum
peut aider à solutionner ce genres de
débats ou de contradictions à l’intérieur
des citoyens » (BBC Afrique, 6/08).
En
réponse, une foule de plusieurs dizaines
de milliers de personnes a répondu à
l’appel de l’opposition en venant défiler
dans les rues de la capitale Ouagadougou,
le samedi 23 août (« plus de 100 000
manifestants » selon les déclarations des
organisateurs à l’Agence France Presse, la
police n’annonçant aucun chiffre). Le mot
d’ordre était clair : pas de référendum,
puisque son organisation ouvrirait de facto
la voie à une révision constitutionnelle –
les dictateurs n’organisant pas des
élections pour les perdre, c’est connu.
Mais si l’on suit la logique de Blaise, plus
il y a de monde dans la rue, plus cela
indique qu’il y a de « contradiction » de la
part des citoyens, et donc plus il y a de
raison pour organiser un référendum...