Survie

« Areva est en perdition »

rédigé le 1er décembre 2014 (mis en ligne le 25 février 2015) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Tel est le titre d’un article récent de la
journaliste Martine Orange (Médiapart,
18/11
) après que le groupe nucléaire
français a annoncé par communiqué qu’il
« suspendait l’ensemble des perspectives
financières qu’il s’était fixées pour
l’exercice 2015 et 2016
 ». Malgré des
cessions de « quelque 7 milliards d’euros
d’actifs en quelques années
 », il aurait
besoin d’une « recapitalisation de l’ordre
de 1,5 à 2 milliards d’euros
 » pour faire
face à un endettement qui « atteint
4,7 milliards d’euros pour 4 milliards de
fonds propres
 ». Et sans les pressions de
Bercy, le groupe aurait même été « classé
dans la catégorie infamante des junk
bonds [obligations pourries]
 » par
Standars and Poors.

Aux sources du
problème, principalement l’impossibilité
de vendre ses centrales dernière
génération, officiellement pour cause de
ralentissement du marché du nucléaire,
mais aussi à cause du fiasco de la
construction de l’EPR finlandais. Mais
aussi l’affaire Uramin : les deux milliards
partis en fumée dans le rachat suspect de la
junior canadienne en 2007 ont
sérieusement plombé la comptabilité. Sans
compter qu’en Namibie, le milliard qui a
été investi dans des infrastructures, pour
l’exploitation d’un gisement surévalué qui
ne verra sans doute jamais le jour, n’aurait
« jamais été provisionné. » Enfin le
scénario pourrait se répéter au Niger pour
le gisement d’Imouraren, où là encore plus
d’un milliard a été investi. Annoncé
comme disposant de fabuleuses réserves
(on parlait de 200 000 tonnes), il devait
devenir le premier gisement à ciel ouvert
d’Afrique et produire 5000 tonnes par an,
doublant la production nigérienne.
Aujourd’hui « le groupe a décidé de
tout arrêter. La mine semble être aussi
inexploitable que les gisements
d’Uramin. Toutes les références aux
réserves ont disparu dans les documents
de référence
 ».

En attendant, le
gouvernement nigérien, qui comptait sur
les promesses du groupe français pour
développer son économie, a renouvelé
avec Areva des conventions d’exploitation
guère plus favorables pour lui que les
précédentes, et le Niger reste toujours
classé dernier pays selon les Indices de
développement humain (IDH) du
PNUD… Quant à l’avenir d’Areva, la
question du démantèlement et de la
privatisation partielle du groupe a refait
surface. Toutes les branches du groupe
contribuent aux 700 millions d’euros de
pertes annoncés pour le premier trimestre,
« à l’exception de son activité minière », et
ce malgré les acquisitions calamiteuses des
années passées. De quoi susciter des
convoitises…

Soutenez l'action en justice contre Total !
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 241 - décembre 2014
Les articles du mensuel sont mis en ligne avec du délai. Pour recevoir l'intégralité des articles publiés chaque mois, abonnez-vous
Pour aller plus loin
a lire aussi