Tel est le titre d’un article récent de la journaliste Martine Orange (Médiapart, 18/11) après que le groupe nucléaire français a annoncé par communiqué qu’il « suspendait l’ensemble des perspectives financières qu’il s’était fixées pour l’exercice 2015 et 2016 ». Malgré des cessions de « quelque 7 milliards d’euros d’actifs en quelques années », il aurait besoin d’une « recapitalisation de l’ordre de 1,5 à 2 milliards d’euros » pour faire face à un endettement qui « atteint 4,7 milliards d’euros pour 4 milliards de fonds propres ». Et sans les pressions de Bercy, le groupe aurait même été « classé dans la catégorie infamante des junk bonds [obligations pourries] » par Standars and Poors.
Aux sources du problème, principalement l’impossibilité de vendre ses centrales dernière génération, officiellement pour cause de ralentissement du marché du nucléaire, mais aussi à cause du fiasco de la construction de l’EPR finlandais. Mais aussi l’affaire Uramin : les deux milliards partis en fumée dans le rachat suspect de la junior canadienne en 2007 ont sérieusement plombé la comptabilité. Sans compter qu’en Namibie, le milliard qui a été investi dans des infrastructures, pour l’exploitation d’un gisement surévalué qui ne verra sans doute jamais le jour, n’aurait « jamais été provisionné. » Enfin le scénario pourrait se répéter au Niger pour le gisement d’Imouraren, où là encore plus d’un milliard a été investi. Annoncé comme disposant de fabuleuses réserves (on parlait de 200 000 tonnes), il devait devenir le premier gisement à ciel ouvert d’Afrique et produire 5000 tonnes par an, doublant la production nigérienne. Aujourd’hui « le groupe a décidé de tout arrêter. La mine semble être aussi inexploitable que les gisements d’Uramin. Toutes les références aux réserves ont disparu dans les documents de référence ».
En attendant, le gouvernement nigérien, qui comptait sur les promesses du groupe français pour développer son économie, a renouvelé avec Areva des conventions d’exploitation guère plus favorables pour lui que les précédentes, et le Niger reste toujours classé dernier pays selon les Indices de développement humain (IDH) du PNUD… Quant à l’avenir d’Areva, la question du démantèlement et de la privatisation partielle du groupe a refait surface. Toutes les branches du groupe contribuent aux 700 millions d’euros de pertes annoncés pour le premier trimestre, « à l’exception de son activité minière », et ce malgré les acquisitions calamiteuses des années passées. De quoi susciter des convoitises…