Quel lien entretient la force française
Sangaris déployée en Centrafrique avec
les réseaux illégaux d’exportation de
diamants ? C’est la question que l’on
peut légitimement se poser à la lecture
du dernier rapport du Comité d’experts
de l’ONU chargé du suivi de l’embargo
imposé à la Centrafrique.
Ce rapport
s’intéresse, entre autre, aux activités
diamantifères de la compagnie Badica.
Selon les experts « les achats légaux et
illégaux de Badica » dans les zones de
Bria et Sam-Ouandja,
« fournissaient
une source de revenus durable à l’ex-Séléka,
en violation du régime des
sanctions imposé par l’Organisation des
Nations Unies » (p. 35). Or, « Badica
transporte ses diamants de Bria et de
Sam-Ouandja
sur des vols affrétés par
Minair, une société soeur, et par la
compagnie aérienne Laparra. Minair et
Badica font partie du Groupe
Abdoulkarim, dirigé par Abdoul-Karim
Dan Azoumi. La compagnie Minair est
aussi régulièrement utilisée par les
forces françaises » (p. 34).
Cette
opération avait été appelée « Sangaris »,
du nom d’un papillon éphémère, car elle
devait durer de 4 à 6 mois. « Ça, c’est
la théorie », commentait un officier
avant même son déclenchement
(Liberation.fr, 4/12/13). Un an plus tard,
Sangaris est en effet toujours là, et les
soldats français de cette opération qui
devait avoir avant tout « une mission de
police », utilisent tranquillement les
services d’une entreprise violant le
régime des sanctions des Nation Unies.
C’est sûr, avec l’armée française en
Centrafrique, il y a d’un côté la théorie,
et de l’autre la pratique.