C’est avec plaisir que nous saluons avec AFRICA UNITE ! de l’historien originaire du Bénin Amzat BoukariYabara,
une histoire africaine du panafricanisme. Nous ne
voulons pas dire par là qu’il faut être
africain pour parler de l’Afrique, comme
on a reproché à tort aux opposants au
spectacle « Exhibit B » de le prétendre, ils
protestaient seulement contre un regard
« blanc », qui peut d’ailleurs être porté par
des noirs, sur l’histoire africaine. C’est une
question de point de vue. Le
panafricanisme est un sujet régulièrement
présenté de manière péjorative,
dépréciative, caricaturale. Cette étude est
donc une réelle nouveauté, et pour
beaucoup ce sera une découverte.
Si le panafricanisme n’est pas une idéologie
des seules populations noires, un
pannégrisme, puisqu’il a été revendiqué
par des leaders comme Nasser et Kadhafi,
il est cependant né de l’aspiration des afro-américains
noirs à une patrie, eux qui étaient persécutés, séparés de la société où
ils vivaient, en raison de leur couleur. La
traite transatlantique, en mêlant les noirs
de diverses origines dans la même
servitude, a créé chez les esclaves le
sentiment et la nécessité d’une
communauté panafricaine. A partir de là
Amzat Boukari-Yabara retrace l’histoire
de cette idée à travers la diversité des
leaders d’exception qui l’ont portée de la
fin du XVIIIème siècle à nos jours.
Des intellectuels et militants aussi
différents que W.E.B. Du Bois et Marcus
Garvey, Martin L King et Malcolm X sont
intimement liés dans le même mouvement
d’une même histoire. Au lieu qu’ailleurs
on les oppose pour tenter de dissoudre
l’idée panafricaine, la présentation
exhaustive du mouvement dans toutes ses
composantes rend compte enfin de toute
la force qui est la sienne.
Le panafricanisme des esclaves rencontre
au XXème siècle celui des colonisés,
soudés entre eux également par la même
expérience historique, partagée cette fois
par la totalité de l’Afrique, imposant à ses
habitants la vision d’un destin commun et
solidaire. Le héraut, qui ancre cette
histoire dans l’unité du passé, Cheikh
Anta Diop, retrouve ici sa place
primordiale, débarrassé des appréciations
hostiles qui le défigurent, lui le grand
banni des études africanistes en France.
En tête des héros de la lutte anticoloniale
et panafricaniste se dressent Kwame
Nkrumah et Frantz Fanon. C’est l’heure où
les tenants de la révolution africaine
trouvent refuge à Accra, Le Caire, Alger.
C’est l’heure aussi où les Afro-américains,
avec les Africains, mobilisent le monde
contre l’apartheid qui opprime les noirs
sur leur propre terre en Afrique du Sud.
Né il y a deux siècles le panafricanisme
est une idée jeune qui séduit les jeunes
générations africaines et les unit à leurs
frères d’Amérique du nord, du sud et
surtout des Caraïbes qui ont produit avec
Césaire, Walter Rodney et Bob Marley la
plus riche constellation poétique,
politique, musicale, d’un mouvement voué
à la renaissance de l’Afrique.