Lors du discours inaugural du sommet de la francophonie du président français, on n’a pas échappé au couplet rituel sur le-français-langue-merveilleuse-du-formidable-pays-des-droits-de-l’homme-de-la-liberté-resplendissante, affirmant que « pour beaucoup de peuples, parler français c’est parler la langue de la liberté » et que d’ailleurs « c’est en français que les peuples se sont décolonisés, en français qu’ils ont accédé à l’indépendance et à la liberté ».
Bien sûr, l’immense majorité des populations africaines continuèrent et continuent encore, les sauvages, à parler d’abord, et parfois uniquement, leurs langues natales. Bien sûr aussi, les autorités politiques et militaires françaises tentèrent jusqu’au bout par des massacres sanglants d’éviter d’en arriver à l’indépendance, et ne s’y résolurent qu’en tentant d’éliminer tous les leaders réellement indépendantistes, avant et après 1960. Mais que les commanditaires de ces crimes parlent français fut certainement une douce consolation pour les victimes du (néo) colonialisme.