En 2005, l’ambassadeur de France en
Algérie, Hubert Colin de Verdière, avait
pour la première fois qualifié les massacres
de Sétif de « tragédie inexcusable », propos
réitérés en 2008 par son successeur
Bernard Bajolet. A partir du 8 mai 1945,
l’armée française avait férocement réprimé
des émeutes provoquées par le meurtre d’un
manifestant algérien par un policier
français, étincelle dans le baril de poudre
des humiliations de la colonisation et de la
guerre sous les drapeaux français. En
représailles au meurtre de colons européens
par la foule en colère, l’armée massacra
deux semaines durant des milliers voire
dizaines de milliers d’Algériens. En 2012,
Hollande avait reconnu « les souffrances
que la colonisation a infligées au peuple
algérien ».
Enfin, le mois dernier, le
secrétaire d’État chargé des anciens
combattants s’est pour la première fois
recueilli devant le monument à la mémoire
de Saal Bouzid, la première victime
algérienne. Mais on reste encore loin d’une
reconnaissance officielle de l’ampleur des
massacres et de la politique dans laquelle
ils s’inscrivaient. Un collectif « pour la
reconnaissance des crimes d’Etat de 1945
en Algérie (Sétif, Guelma, Kherrata) »
appelle donc à « l’ouverture de toutes les
archives, l’inscription dans la mémoire
nationale de ces événements par le biais de
gestes forts des plus hautes autorités de
l’Etat et un soutien à la diffusion des
documentaires relatifs aux événements
dans l’Education Nationale comme dans
les média publics ».