Depuis le 2 juin et l’expulsion d’un camp où survivaient des centaines de réfugiées sous le métro la Chapelle, Paris vit aux rythmes des expulsions, des fausses réponses apportées par les autorités et des violences, policières ou groupusculaires.
Depuis plus d’un mois, les expulsions se multiplient, de la Chapelle à la Halle Pajol en passant par l’église StBernard (près de 20 ans après la célèbre expulsion de ce lieu ordonnée par le gouvernement de Juppé et dont le Parti socialiste, ironie de l’histoire, avait fustigé la violence). La ville de Paris et l’État se retrouvent face à une situation qu’ils regardaient jusqu’ici de loin (à Calais ou à la frontière francoitalienne) et, en guise de réponse, mettent tout en œuvre pour ne pas voir s’installer une zone de refuge comme la pseudo « jungle » de Calais où s’abritent les réfugiées en route pour l’Angleterre. La violence et les réponses au coup par coup montrent bien que l’objectif premier est de diviser et d’invisibiliser les migrantes.
L’énorme déploiement policier et la banalisation d’une violence d’État s’accompagnent du traditionnel discours concernant les demandeurs d’asile ; suspicion et remise en cause de leurs qualités de demandeurs d’asile, mise en concurrence entre nationalités, non respect des droits et de la procédure de demande d’asile, etc. Dans les rangs des soutiens, on en vient même à se dire, face à la brutalité policière, au nombre de placements arbitraires en rétention (enfants, mineurs isolés inclus) et d’arrestations, que la période est encore plus sombre que sous le mandat de Nicolas Sarkozy. Elle fait tristement écho, en tout cas, à la politique migratoire criminelle de l’UE.