Survie

Déby et le CFA, les vérités du faussaire

rédigé le 1er septembre 2015 (mis en ligne le 13 septembre 2015) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Provocation ? Menace en direction d’autorités françaises qui ne le soutiendraient pas suffisamment diplomatiquement dans la perspective de la présidentielle tchadienne de 2016 ? Sentiment de puissance lié à son nouveau statut régional, qui l’autoriserait à ne plus s’embarrasser de langue de bois ? On peut se demander quelle mouche a piqué Idriss Déby le 11 août dernier à N’Djamena à la cérémonie commémorant le 55 ème anniversaire de l’indépendance du Tchad, au cours de laquelle il a prononcé un discours sur le franc CFA qui a marqué les esprits.

Évoquant dans son discours l’utilité de « couper un cordon qui empêche l’Afrique de décoller », le dictateur tchadien a tout bonnement prôné la création d’une monnaie africaine émancipée des mécanismes de domination postcoloniaux, dans un argumentaire plutôt clair se démarquant de ses borborygmes habituels « Pourquoi cette monnaie n’est pas convertible ? Pourquoi tous les échanges passent par la banque centrale de la France ? Qu’est­-ce que nous gagnons en mettant nos ressources dans des comptes d’opérations ? », s’est ainsi interrogé Déby.

Quelle que soit la stratégie suivie, la reprise d’arguments contre le CFA brandis depuis des décennies par des résistants africains, qui l’ont parfois payé de leur vie, ou par des associations comme Survie, a de quoi surprendre de la part d’un dictateur qui doit tant à la France et qui ne s’est jusque­-là jamais démarqué pour son sens de la gestion publique et de la souveraineté nationale.

On aura quand même beau jeu de rappeler l’implication du régime tchadien dans l’affaire dite des « dinars de Bahreïn », à la fin des années 90.

Plusieurs proches conseillers de Déby avaient été mis en cause dans cette affaire de fausse monnaie de grande ampleur (350 millions d’euros de faux billets) dont l’épicentre était situé à N’Djamena. L’un deux, Hassan Fadoul, devenu opposant, avait même souhaité témoigner en faveur de François­-Xavier Vershave pour étayer la réputation de « faux monnayeur » de Déby, à l’occasion du procès qui avait opposé en 2001 l’ancien Président de Survie aux présidents tchadiens, gabonais et congolais.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 249 - septembre 2015
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