« Comment comprendre – je dirais même, comment accepter – qu’un grand musée d’histoire comme le musée de l’Armée, ne dise rien ou si peu de la guerre froide, de la colonisation et de la décolonisation, ou encore les engagements militaires les plus récents de la France ? », s’est interrogé le ministre de la Défense en visite aux Invalides (Blog Lignes de défense, 6/10).
Et d’annoncer : « une extension du musée de l’Armée, qui permettra de répondre aux deux défis majeurs que je viens d’évoquer ».
On peut légitimement craindre le pire au vu des publications actuelles du ministère de la Défense sur ses opérations extérieures (Opex). Ainsi par exemple les Cahiers du Retex viennent de publier un numéro intitulé « 50 ans d’Opex en Afrique, 19642014 » (septembre 2015) qui devrait faire dresser les cheveux sur la tête de n’importe quel historien sérieux.
Ainsi, au Rwanda, en 1994 : l’opération française Turquoise va « s’interposer entre le gouvernement hutu, ses forces armées et les rebelles tutsis du front patriotique rwandais (FPR) et protéger les populations civiles de deux ethnies, cibles de massacres organisés par les deux camps ». Un génocide ? Quel génocide ?
Un autre exemple tout aussi révélateur : les tirs de l’armée française sur les civils ivoiriens en novembre 2004 qui ont fait plus de 60 morts et 2000 blessés deviennent soudainement « un exemple révélateur de la pertinence à entretenir l’aptitude permanente des armées à la réversibilité et à la maîtrise de la force, notamment lors d’engagements en zone urbaine et des missions de contrôle de foule ». Une « aptitude » bientôt célébrée au musée..