Survie

Bruits de bottes vers la Libye

rédigé le 3 février 2016 (mis en ligne le 16 novembre 2016) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

L’intervention militaire occidentale contre
l’organisation Etat islamique (OEI) en Libye se
précise. Obama a officialisé l’intention des
États-Unis
de traquer l’organisation terroriste
« dans quelque pays que ce soit »
( JeuneAfrique.com, 29/01), même si son
secrétaire à la Défense a bien pris soin de
préciser qu’ « aucune décision d’intervenir
militairement
 » n’avait encore été prise.

Celle-ci
ne fait pourtant guère de doute. Mais les
conditions de sa mise en oeuvre ne font pas
l’unanimité au sein de la coalition (ÉtatsUnis,
France, Royaume Uni, Italie) qui la prépare.
Comme on l’a déjà signalé (Cf. Billets n°253,
janvier 2016)
, l’Italie s’est déclarée prête à en
prendre la tête, sous réserve que celle-ci
soit
demandée officiellement par le gouvernement
d’union nationale que l’ONU tente (pour
l’instant sans succès) de mettre en place en
Libye.

Le ministre italien des Affaires
étrangères, Paolo Gentiloni, a prévenu qu’une
opération serait aujourd’hui « une très grave
erreur
 » (Le Figaro, 15/01), faisant écho aux
inquiétudes de la presse italienne après un raid
aérien français contre les positions de l’EI près
de Syrte (raid que le ministère français de la
Défense a démenti). Le chef de la diplomatie
italienne n’a pas exclu que l’intervention puisse
avoir lieu même sans accord des Libyens, mais
pas avant « quelques mois », alors que la France
tient à accélérer le calendrier. L’un des trois
« landing ships » anglais a d’ailleurs pris la mer
début janvier en direction de la Méditerranée,
avec à son bord troupes, véhicules,
embarcations et un hélicoptère, officiellement
pour des « exercices régionaux » (Blog Lignes
de Défense, 13/01).

Ces préparatifs suscitent
l’inquiétude des Libyens, majoritairement
hostiles à une intervention étrangère et, selon
Patrick Haimzadeh (Orient XXI, 26/01)
une
telle intervention, « qu’elle soit conduite à la
demande ou non d’un futur gouvernement
d’entente nationale
 », serait contre-productive.
« En éloignant la perspective de la
victoire d’une alliance nationale
exclusivement libyo-libyenne
contre l’OEI
 »,
elle « contribuerait par ailleurs à délégitimer
le gouvernement d’entente nationale qui
apparaitrait alors clairement comme une
marionnette des Occidentaux
 ».

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 254 - février 2016
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