« La zone franc, c’est une zone pour les Africains décidée par les Africains », affirme sans rire le ministre des Finances Michel Sapin (Libération, 13/04), en déplacement au Cameroun pour la réunion bisannuelle des ministres des Finances des pays de la zone franc. Et c’est sûrement à leur demande que la France conserve de facto un droit de véto sur la politique des banques centrales des Etats de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique équatoriale et du Cameroun, et des Comores… « Si les pays africains veulent faire évoluer la zone, nous sommes à l’écoute des propositions », ajoute-t-il. Vieux refrain qui n’empêche pas la mise à l’écart systématique de tous les économistes critiques sur cette question. Dernier exemple en date : l’opposition du Trésor français à la nomination de l’économiste togolais Kako Nubukpo à l’AFD. « Les positions critiques de Kako Nubukpo à l’égard de la zone franc auraient directement motivé cette intervention », selon La Lettre du Continent (23/03 mars 2016). Et c’est toujours sans aucun paternalisme teinté de racisme que Sapin s’inquiète de savoir s’il va réussir à convaincre les 15 ministres africains de solliciter à nouveau « l’aide » du FMI, car « un Africain déteste créer du déplaisir. On ne sait jamais s’il dit qu’il va faire quelque chose pour vous faire plaisir ou parce qu’il va vraiment le faire. ». Des grands enfants, on vous dit. Heureusement, les autorités françaises n’ont aucun complexe à « créer du déplaisir » en Afrique.