Il a fallu la question d’un journaliste lors du point de presse quotidien du quai d’Orsay pour connaître, avec un mois de retard, la position officielle et courageuse de la diplomatie française sur la « réélection » de Sassou Nguesso au Congo : « Les conditions d’organisation du scrutin présidentiel au Congo, notamment la coupure des communications pendant l’essentiel des opérations de vote et de dépouillement, ne permettent pas d’en apprécier les résultats officiels. ». La France n’a donc pas d’avis. Ce qui ne l’empêche pas de prodiguer des conseils pleins de bon sens : « En l’absence d’une transparence suffisante pour certifier la crédibilité des résultats, la France encourage les autorités du Congo au respect, au dialogue et au rassemblement de l’ensemble des sensibilités politiques du pays. ». Respect, dialogue, rassemblement : autant de bons principes aussitôt mis en pratique par le régime congolais qui bombarde depuis plusieurs semaines les populations civiles de la région du Pool, sous prétexte de répondre à l’attaque de Brazzaville dans la nuit du 3 au 4 avril, attribuée aux miliciens « Ninjas » proches du pasteur Ntumi. Il n’en faut pas plus à certaines ONG ou journalistes malveillants pour affirmer que « L’Union africaine, l’Union européenne, la France ne se sont pas alarmés de la dérive autoritaire du régime congolais » (La Croix, 18/04). C’est bien sûr faux : la Commission européenne a en effet préconisé à tous les Etats membres « de ne cautionner cette réélection que du bout des lèvres » et de s’abstenir de féliciter l’heureux élu (La Lettre du Continent, 15/04). La France, qui maintient toute sa coopération, y compris sur le plan militaire, s’est alignée sur cette position : elle n’a été représentée que par son ambassadeur à la cérémonie d’investiture du dictateur, qui tremble encore de tant de fermeté.
