Pas de chance pour Anne Lauvergeon :
après près de 12 heures d’interrogatoire,
l’ancienne patronne d’Areva aura enfin été
mise en examen pour « présentation de
comptes inexacts » et « diffusion de fausses
informations » dans le cadre de l’affaire
Uramin, du nom de cette entreprise
canadienne sans valeur rachetée à prix d’or
en 2007, vraisemblablement pour dissimuler
un gigantesque système de commissions et
de rétrocommissions avec l’Afrique du Sud,
où Areva briguait le marché de construction
de plusieurs réacteurs de type EPR. Il avait
fallu un signalement de la Cour des comptes
pour que le parquet financier daigne enfin
déclencher une enquête au sujet d’un
rachat qui paraissait pourtant hautement
suspect depuis longtemps.
A cette occasion,
Mediapart (11/05) nous apprend que c’est à
la demande de Lauvergeon et au nom
du « secret des affaires » (déjà !) que la cour avait renoncé à rendre son rapport public, même si certains extraits avaient fuité dans la presse. Jusqu’où ira l’enquête judiciaire dans cette affaire ? C’est aujourd’hui la grande question, car comme le rappelle sur son blog (13/05) Vincent Crouzet, qui a consacré un roman à clé bien informé à cette histoire : « Résumer l’affaire UraMin au visage emblématique d’« Atomic Anne » est
une erreur. Une simplification arrangeante.
En mai et juin 2007, il existait un ministre des
Finances, un Premier ministre, et un
Président de la République pour prendre, ou
accompagner les décisions, surtout les
calamiteuses ». On se souvient d’ailleurs que
l’émissaire officieux de ce président de la
République, Patrick Balkany, avait lui même
joué un rôle dans les négociations sur le
rachat des permis d’Uramin en Centrafrique,
et qu’il est aujourd’hui poursuivi devant la
justice par l’État centrafricain qui le
soupçonne d’avoir touché des commissions
occultes, ce qu’a – à moitié – confirmé un
autre protagoniste, l’homme d’affaires belgo-congolais Georges Forrest.