A l’occasion de la publication du livre collectif Sortir l’Afrique de la servitude monétaire. "A qui profite le franc CFA ?" (éd. La Dispute) dont Billet d’Afrique rendra compte prochainement, et alors que se tenait le 30 septembre à Bercy une réunion des ministres de l’économie des pays de la zone franc, l’économiste Kako Nubukpo était interviewé dans Le Monde Afrique (30/09).
Petit extraits : « Quel avantage a la France à faire perdurer ce système ? J’en vois deux. D’abord économique pour les grands groupes français qui peuvent opérer dans la zone sans risque de change et en rapatriant sans limites leurs bénéfices. Pour un groupe comme Bolloré, qui opère dans de nombreux ports africains, on peut imaginer que cela représente des sommes importantes. Ensuite politique. Il existe une logique de pré carré. Le franc CFA permet à Paris d’exercer une forme de "soft control" sur la manière dont ces pays se développent dans un contexte de concurrence exacerbée avec notamment l’arrivée de la Chine sur le continent. Cette dimension est prépondérante, car la réalité économique montre que les principaux partenaires commerciaux de la France ne sont pas dans la zone franc. Le Nigeria, l’Angola et l’Afrique du Sud arrivent en tête.
Les dirigeants africains y trouvent aussi intérêt ? Bien sûr. Ce système entraîne aussi un siphonnage des ressources domestiques vers Paris et les autres capitales européennes. Puisque il n’y a pas de limites à la convertibilité, les élites locales ont tout loisir de placer leur argent sur un compte étranger ou d’acheter un appartement parisien. C’est le point central. Nous avons des élites rentières qui n’ont pas intérêt à faire évoluer ce système. »