Survie

Turquoise sans masque

rédigé le 10 octobre 2016 (mis en ligne le 18 octobre 2016) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Un procès en diffamation intenté par des médecins militaires français (que des rescapés du génocide des Tutsis accusent d’avoir pratiqué des amputations abusives), vient utilement d’apporter la confirmation d’une autre accusation, plus générale, concernant l’opération Turquoise au Rwan­da en 1994. En effet, dans les documents écrits qu’ils ont fournis, et à nouveau à l’au­dience, les médecins ont affirmé qu’ils ont fait de leur mieux le 30 juin 1994 face à l’af­flux d’une centaine de blessés rescapés de Bisesero. Ils ont révélé qu’ils avaient été envoyés avec pour seule mission d’opérer en urgence d’éventuels soldats français blessés au combat, qu’ils n’avaient pas pré­vu de soigner de civils ni plusieurs dizaines de personnes, et n’avaient pas apporté de nourriture autre que des rations de com­bat. On ne voit donc à aucun moment d’indice que la hiérarchie de Turquoise ait préparé la prise en charge de victimes d’un génocide, alors qu’à cette date l’existence et la nature du génocide des Tutsis étaient connus du public et des responsables poli­tiques et militaires français. Bien que le Premier ministre Edouard Balladur et les Nations unies aient officiellement autorisé une opération uniquement à but humani­taire, les témoignages des officiers méde­cins eux-­mêmes révèlent ainsi au grand jour que Turquoise, jusqu’au 30 juin 1994, a été conçue comme une opération militaire.

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