Survie

Encore une manipulation ?

rédigé le 1er novembre 2016 (mis en ligne le 9 novembre 2016) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Alors que la justice française se préparait à fermer son instruction sur l’attentat qui a coûté la vie au président rwandais Habyarimana en 1994, elle accepte d’entendre un nouveau témoin : Faustin Kayumba Nyamwasa. A l’époque, il était à la tête du service de renseignement militaire du Front Patriotique Rwandais dirigé par Paul Kagame. Actuellement, Kagame est président, et Kayumba Nyamwasa est en exil en Afrique du Sud où il a échappé à deux tentatives d’assassinat.

Affirmant détenir des preuves matérielles, sans précision, Kayumba Nyamwasa accuse Kagame de l’attentat. Selon son témoignage que Jeune Afrique (18/10/16) a pu consulter, il tente également de se disculper des accusations dont il a fait lui-même l’objet en 2006 de la part du juge Bruguière. Doit-on le croire quand il affirme que pour éviter des fuites, Kagame a laissé son chef du service de renseignement dans l’ignorance des préparatifs de l’attentat ? Et si c’est le cas, pourquoi Kagame lui aurait-il tout révélé juste après ? Enfin, pourquoi Kayumba Nyamwasa ne dépose-t-il que maintenant ?

En relançant l’hypothèse que l’attentat aurait été commis par le Front Patriotique Rwandais, Kayumba Nyamwasa exonère les extrémistes hutus alliés de la France. Or plusieurs expertises balistiques confirmées par des témoignages de militaires français et belges ont établi que les missiles ayant abattu l’avion d’Habyarimana ont été tirés depuis le secteur du camp de Kanombe, tenu par les militaires extrémistes hutus (voir Billets, décembre 2014).

« Des responsables français souhaitent manifestement que ce dossier reste ouvert jusqu’à l’élection présidentielle rwandaise, en 2017 », selon Me Forster, l’un des avocats des mis en examen rwandais. Quant à Kagame, il a déclaré : « Si tout recommencer doit s’apparenter à une épreuve de force, nous irons vers l’épreuve de force. » Le Rwanda, qui n’a toujours pas accrédité l’ambassadeur nommé par Paris, pourrait-il à nouveau rompre complètement ses relations diplomatiques avec la France ?

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 262 - novembre 2016
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