Après les rapports élaborés par Human Right Watch à l’occasion du procès d’Hissène Habré, Claude Silberzahn, ancien patron de la Direction générale des services extérieurs français, confirme leur contenu et se livre sur RFI : quand les services français découvrent que les Américains entraînent les troupes du (pas encore) général Haftar sur le sol tchadien avec la complicité d’Habré, pour attaquer la Libye, il se rend au Tchad : « La France, à ce moment-là, est plutôt sur une ligne de réconciliation avec Kadhafi. Nous ne sommes pas du tout d’accord pour redéstabiliser le Tchad en faisant partir, depuis le Tchad, une "armée" destinée à renverser monsieur Kadhafi ». Mais « dans ce long entretien que j’ai eu avec lui (...) Hissène Habré ne m’en a absolument pas parlé. (...) Hissène Habré a joué, dans notre dos, avec les Américains et c’est en sortant que j’ai décidé de l’éliminer. ». La vie est parfois si simple ! « D’éliminer Hissène Habré ? », s’inquiète le journaliste. « De l’éliminer du pouvoir », se reprend Silberzahn. » Et c’est ainsi que Déby est arrivé au pouvoir. Ce dernier n’était par ailleurs pas un inconnu des services, et Silberzahn confirme un autre aspect des mœurs françafricaines : « Le travail de la DGSE est fondamentalement de savoir qui est dans l’opposition, qui aura le pouvoir peut-être demain, et les oppositions auxquelles les pouvoirs actuels sont confrontés. Nous avons eu donc des contacts permanents avec Idriss Déby, depuis qu’il a pris le maquis ». A garder en mémoire lorsque la France a prétendu ou prétendra ne pas connaître une rébellion, à commencer par la Côte d’Ivoire en 2002...