« Moi président » termine son septennat en beauté dans la rubrique Françafrique et sous-couvert de lutte contre le terrorisme. Par arrêté des ministres de l’Economie et de l’Intérieur, les comptes bancaires de 2 opposants tchadiens et d’un opposant congolais ont été gelés, sur la base de l’article L5621 du code monétaire et financier qui s’applique aux personnes « qui commettent, ou tentent de commettre, des actes de terrorisme » (Libération, 27/01). Si Mahamat Nouri et Mahamat Mahadi sont ou ont été liés à des mouvements politico-militaires opposés au régime de Déby, et si Ferdinand Mbaou a été le chef de la garde présidentielle de Pascal Lissouba, ils vivent en France depuis de nombreuses années et ont, selon Libération, un train de vie plutôt modeste. Mais surtout, ils n’ont jamais appartenu a des mouvements « terroristes », sauf à considérer comme tels tous ceux qui prônent la lutte armée contre des dictatures. C’est apparemment la logique assumée de l’État français puisque le ministère des Affaires étrangères, interpellé par des journalistes, a à son tour affirmé que « cette décision est liée aux activités de ces individus dans leurs pays respectifs en vue d’inciter et de faciliter la commission d’actes de terrorisme. » (30/01) Il s’agit bien sûr uniquement d’une petite gâterie à destination (à la demande ?) de Déby et Sassou, dont le terrorisme d’État pratiqué de longue date ne pose en revanche aucun problème. Mieux, selon le Canard Enchaîné (25/01), la femme du dictateur tchadien s’est vu accorder la nationalité française bien qu’« aucun des critères prévus par les quatre lois régissant la naturalisation (votées entre 2006 et 2016) n’était remplie... ». « Une récompense présidentielle », selon un diplomate, pour celui qui accueille le commandement de la force Barkhane. Une décision bien pratique : si un jour le tyran et sa famille risquent d’être lynchés par la population tchadienne, l’armée française pourra intervenir sous le prétexte habituel de venir au secours d’une expatriée...