Plusieurs rapports ont déjà tiré la sonnette d’alarme concernant l’instrumentalisation ethniques à laquelle se livre le président Nkurunziza au Burundi pour s’accrocher au pouvoir, et sur les déclarations incendiaires de certains dignitaires du régime, alors que de très nombreuses et très graves exactions et atteintes aux droits humains ont déjà eu lieu. Certains de ces rapports, dont ceux élaborés par des missions de l’ONU, sont même allés jusqu’à pointer un risque de génocide. Le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide, Adama Dieng, vient à nouveau d’adresser un courrier aux membres du Conseil de sécurité, qu’il met en garde contre les risques de violences « massives » (RFI, 08/03). C’est dans ce contexte que l’ambassadeur de France dans le pays, M. Delahousse, s’est fendu de déclarations pour le moins troublantes : « Il m’est arrivé à plusieurs reprises de me déplacer à l’intérieur du pays et je crois que le plus fort risque d’insécurité auquel j’ai été confronté, c’est l’insécurité routière une fois la nuit tombée », a-t-il ainsi déclaré à un journal en ligne proche du pouvoir qui en a fait ses choux gras (Ikiriho.org, 27/01). Le diplomate, qui estime que le rapport alarmant de la FIDH de novembre 2016 relève est entaché d’une « connotation politique », a une vision très particulière de la vie politique burundaise, étonnamment proche de celle véhiculée par le pouvoir : « Je crois qu’après un an et demi de crise, la situation du pays est telle que la décrispation est possible, de même que la pacification du débat politique, l’ouverture dans la perspective des élections de 2020 d’un espace politique libre et ouvert au retour de ceux qui le souhaiteraient ». Il paraît qu’au Quai d’Orsay, « plusieurs diplomates de la section Afrique se disent surpris par certaines positions de M. Delahousse » (Le Monde, 24/02). Mais de là à changer d’ambassadeur…