On sait que pour diverses maffias, l’exportation de déchets toxiques et radioactifs à destination de l’Afrique est un business juteux. On sait aussi que les multinationales ont parfois des pratiques peu scrupuleuses (on se souvient de l’affaire du déversement des boues toxiques de Trafigura en Côte d’Ivoire…). Alors pourquoi les entreprises publiques se géneraient-elles ? C’est la libre concurrence… EDF est ainsi « soupçonnée d’avoir exporté du matériel amianté à Madagascar », nous apprend Mediapart (25/04). « Depuis plusieurs mois, un agent d’EDF et membre du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) d’EDF-Réunion, Christian Julien, tente, sans résultat jusqu’ici, d’alerter les pouvoirs publics à La Réunion et à Madagascar » concernant la vente de turbines à combustions à une entreprise malgache. Officiellement le désamiantage a été totalement réalisé, selon un responsable de la communication d’EDF, mais sur la base des documents fournis par l’entreprise qui s’en est chargée, Christian Julien affirme que tous les composants n’ont visiblement pas été traités. Le préfet de la Réunion lui-même s’est inquiété du « manque de lisibilité et d’éléments donnés dans les rapports de repérage “amiante” et de retrait de ces déchets » qui ne « permet pas à l’inspection des installations classées de faire le lien entre les différents déchets et volumes identifiés dans chacun ». Sans succès… Peut-être les turbines ont-elles été désamiantées à Madagascar avant d’être remontées, comme l’ont laissé entendre certaines sources, mais même dans ce cas, EDF reste propriétaire des déchets. « Les déchets ne doivent pas disparaître dans la nature malgache », s’inquiète l’agent d’EDF. Pour la morale, c’est déjà fait.