Depuis 2014, le « processus de Khartoum » a marqué une étape supplémentaire dans la sous-traitance de la gestion des flux migratoires à destination de l’Europe, sous couvert de lutter contre les filières criminelles ou d’assister les pays périphériques pour inciter les migrants à rester dans leur pays d’origine. On délègue non seulement la répression et l’enfermement des migrants à des États très peu démocratiques, mais également la gestion des visas. Les milliers de cadavres qui gisent en mer Méditerranée ou dans le désert du Sahara prouvent suffisamment le caractère criminel de cette Europe forteresse. Alors pourquoi ne pas faire directement appel à des assassins ? De retour du Soudan où elle a conduit une délégation parlementaire, Marie-Christine Vergiat, députée de la gauche unitaire européenne et membre de la Commission des droits de l’homme, a poussé un coup de gueule contre la Commission européenne : « L’Union européenne est obsédée par le contrôle de la frontière Nord [du Soudan], bien évidemment, celle qui va vers la Libye, essentiellement parce qu’elle est poreuse. Elle veut absolument endiguer les flux, les soi-disant flux, qui vont vers l’Union européenne. Et que se passe-t-il à cette frontière-là ? On sait que ce sont les Janjawids, les milices soudanaises, qui contrôlent cette frontière là. Comment peut-on envisager de travailler avec des milices pour contrôler les frontières de l’Union européenne ? (...) L’Union européenne ne peut pas financer ce genre de structure. On marche complètement sur la tête » (Rfi.fr, 11/04).
Pour mémoire, le chef de l’Etat soudanais Omar el-Béchir est poursuivi par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide en raison des violences de masse commises au Darfour par ces mêmes milices Janjawids...