Quelle mouche a piqué ce journaliste africain, lors de la conférence de presse du G20 à Hambourg, de réclamer « un plan Marshall » pour l’Afrique. Cette insolence méritait une leçon. Il l’a reçue du Jupiter au petit pied nommé Macron.
En substance : cette revendication est nulle, des sous pour l’Afrique, on n’a pas cessé d’en donner, pour quel résultat ? D’abord le plan Marshall c’était pour reconstruire de vrais pays. Pas de ça en Afrique où le problème est « civilisationnel » - kekcekça ? La version macronienne du discours de Sarko à Dakar.
Pour Macron l’Afrique c’est – énumération pédantesque sur les doigts de la main – des États faillis, de la corruption, des trafics en tout genre, du terrorisme, et surtout ... trop d’Africains – obsession blanche de la natalité dans un continent sous-peuplé qui manque de ressources humaines .
Les solutions ? Macron serine à nouveau : bonne gouvernance, lutte contre la corruption, lutte contre la natalité. Nous y remédierons à notre façon, avec nos investisseurs privés et avec les présidents africains – c’est-à-dire des bénéfices pour nous et le pouvoir à nos affidés. Les peuples ? Inconnus au bataillon macronien. On pense et on décide pour eux dans la meilleure tradition coloniale.
Macron, dans cette intervention, d’autant plus caricaturale qu’elle adoptait un ton insupportablement prétentieux et paternaliste, a donné la meilleure démonstration du problème crucial de l’Afrique : l’invasion impérialiste. Ce tableau fourre-tout des « fléaux » du continent est un mélange d’enfoncement de portes ouvertes, fausses évidences, conséquences prises pour des causes, et de fantasmes invétérés contredisant la réalité [1].
Il oublie le fléau originel, quatre siècles de désastre économique et humain dû aux rapines et invasions de l’Occident, avec la traite et la colonisation, toujours en cours, qui ont saigné à blanc les ressources humaines et matérielles du continent.
L’erreur, monumentale, du journaliste a été de parler d’aide, succombant à la plus grande mystification idéologique de l’impérialisme. Il donnait les verges pour se faire battre. Il s’agit de réclamer des compensations pour le désastre subi. Cela ne peut être fait que par une Afrique indépendante, débarrassée de toute tutelle et du vampirisme des multinationales. Cela peut paraître utopique mais les nouvelles et nombreuses – horreur ! - générations africaines n’ont que cela en ligne de mire. Elles ne demanderont pas des sous, elles défendront les leurs.
[1] Il y a quatre siècles environ, l’Afrique représentait près de 17 % de la population mondiale. Ce chiffre a chuté pour atteindre 7 % en 1900. En 2016, l’Afrique représente plus de 16 % de la population mondiale