Survie

Dos à dos ?

rédigé le 22 novembre 2017 (mis en ligne le 4 décembre 2017) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

C’est désormais un réflexe pour le Quai d’Orsay, de renvoyer dos à dos, hier au Cameroun, aujourd’hui au Togo, les manifestants qui dénoncent les dictatures françafricaines et les forces de répression de ces dernières.

En langage diplomatique, il s’agit d’appeler « l’ensemble des acteurs à la retenue » et au « dialogue sans préalable ». C’est vrai, quoi, les démocrates togolais pourraient faire un effort pour manifester plus discrètement et se faire matraquer moins violemment. S’ils pouvaient aussi cesser d’essuyer des tirs à balles réelles et arrêter d’agacer les milices du pouvoir...

Et pourquoi pas rester calmement chez eux en attendant que les médiateurs de la CEDEAO et les représentants de la « communauté internationale » jouent leur partition habituelle ? Bien sûr, si la population burkinabè avait suivi les conseils de « retenue » du Quai d’Orsay, Compaoré serait encore au pouvoir. Mais au moins, on pourrait se féliciter de la « stabilité régionale ».

Pour s’assurer de la « retenue » des autorités togolaises, «  La France pourrait enfin approuver la vente au Togo de 5 hélicoptères d’attaque de type Gazelle » (Agence Ecofin, 7/11). La vente avait été initiée en avril dernier, mais bloquée par « Jean-Marc Ayrault, le ministre français des affaires étrangères de l’époque, [qui] craignait alors que le pouvoir togolais n’utilise ces hélicoptères contre des civils ou des opposants. »

Jean-Yves le Drian, passé du portefeuille de la Défense à celui des Affaires étrangères, ne s’encombre manifestement pas de ce genre de considérations. Gageons que dans un souci d’égalité la France armera bientôt les manifestants togolais.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 272 - novembre 2017
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