Deuxième monnaie officielle de la République française, le Franc Pacifique est en circulation en Nouvelle-Calédonie, Polynésie Française et Wallis-et-Futuna. Monnaie coloniale créée en même temps que le franc CFA en 1945, elle est d’abord appelée Franc des Colonies Françaises du Pacifique (CFP), puis aujourd’hui Change Franc Pacifique.
C’est l’Institut d’Emission d’Outre-Mer (IEOM), établissement public français, composé aux ¾ de représentants de l’Etat, qui l’émet et qui fixe la politique monétaire de la Nouvelle-Calédonie, en lien avec la Banque de France. Comme le franc CFA, le franc CFP est arrimé à l’euro et n’est pas convertible en dehors de ses frontières, ce qui limite fortement les échanges avec les pays voisins. Il est donc un signe important de la relation coloniale entre la France et la Nouvelle-Calédonie, mais peut aussi être vu comme un instrument au service de l’autonomie de la Kanaky.
Il permet de garder une singularité par rapport à la métropole ( alors qu’il est question de passer à l’euro) et d’y représenter des signes identitaires kanaks, comme prévu par les accords de Nouméa, avec le nouveau graphisme des billets approuvé en 2010 par le Congrès calédonien. Mais tant que la politique monétaire est décidée par la France, ces éléments restent principalement symboliques.
La monnaie fait donc actuellement partie des dernières compétences régaliennes qui doivent être transférées à la Nouvelle-Calédonie pour que le processus de décolonisation puisse aboutir. Différentes options sont envisagées. Le maintien du franc CFP avec une banque centrale calédonienne mais une garantie toujours liée à l’euro et un fonctionnement similaire à celui de la zone franc CFA semble être l’option qui sera poussée par la France.
A l’inverse, une partie des indépendantistes souhaite un système qui garantisse une gestion souveraine de la monnaie, que ce soit en conservant la monnaie actuelle ou en en créant une nouvelle, et semble privilégier le rapprochement avec les autres puissances régionales pour stabiliser la monnaie, plutôt qu’avec la France.