Dans l’affaire dite des « Biens mal acquis », le fils du dictateur équato-guinéen, Teodorin Obiang, était jugé pour blanchiment en France.
Le juge a partiellement suivi les recommandations du Parquet national financier : les biens saisis (pour une valeur de 150 millions d’euros) sont confisqués et une peine de 3 ans de prison et de 30 millions d’euros d’amende a été prononcée, mais couverte par du sursis, au motif que la peine a valeur d’« avertissement ».
Si les opposants guinéens se sont déclarés déçus par ce dernier aspect, les ONG parties civiles ont néanmoins salué un jugement historique. Au regard de l’obstination du Parquet à ne pas poursuivre pendant plusieurs années - il avait fallu un arrêt de la Cour de cassation en 2010 pour vaincre les réticences du procureur Jean-Claude Marin – c’est assurément un progrès. Intéressants également les considérants du jugement qui dénonce la complicité de la filiale équato-guinéenne de la Société générale et la myopie volontaire de la Banque de France « dont les comptes de passage ont vu transiter 70 millions de dollars en quelques mois, d’avril à juin 2006, sans qu’aucune alerte soit déclenchée », rapporte Médiapart (27/10).
Autant d’éléments qui ont pu amener le fils très prodigue à penser qu’il bénéficiait d’un « sentiment de protection de la part de la France, voire d’impunité », selon le tribunal, qui cite également le témoignage de Bourgi selon lequel Villepin se serait fait remettre une mallette d’un million d’euros pour organiser une entrevue avec Chirac. Reste à voir comment les valeurs confisquées pourront être rétrocédées au bénéfice des populations civiles, et si la peine sera confirmée en appel.