Si les autorités françaises tiennent tant à ce "destin commun avec la Nouvelle Calédonie" ce n’est pas seulement à cause des ressources minières sur l’ile : la mer possède aussi de nombreuses richesses. En Nouvelle Calédonie, la France dispose d’une "zone économique exclusive" (ZEE) d’environ 1 400 000 km2. La ZEE est une zone maritime qui s’étend de la terre à environ 370 km au large, sur laquelle l’État côtier exerce « des droits souverains aux fins d’exploration et d’exploitation, de conservation et de gestion des ressources naturelles, biologiques ou non biologiques, des fonds marins et de leur sous-sol ». Grâce aux territoires colonisés, renommés « Outre-Mer », la France possède la 2e ZEE du monde (après les Etats-Unis) et la zone calédonienne pèse pour 10% du total.
Dans la grande tradition coloniale qui préconisait la "mise en valeur" des territoires conquis, il s’agit aujourd’hui de développer la "valorisation des richesses marines". La FEDOM, Fédération des Entreprises d’Outre-Mer, est enthousiaste : "Le Pacifique français est un enjeu majeur pour l’économie de demain", il recèle " des ressources naturelles, bases des technologies de demain". Et comme le préconise le rapport Innovation 2030, l’un des leviers sera de développer des technologies innovantes d’exploration, d’exploitation et de traitement des minéraux du sous-sol.
On comprend alors pourquoi l’Etat français dispose en Nouvelle Calédonie d’une dizaine d’organismes de recherche : de l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), en passant par l’Ifremer (Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la mer).
"Destin commun", "souveraineté partagée", dans la perspective du référendum, la vieille métropole coloniale cherche les tours de passe-passe juridiques qui lui permettraient d’ouvrir une nouvelle phase d’accaparement en Nouvelle-Calédonie.