Concert d’indignations après l’enquête de Libération (« Lycée Saint-Cyr : une machine à broyer les femmes », 22/03) sur les « tradis » qui font la loi au sein des plus prestigieuses écoles préparatoires militaires. Ces fils de bonnes familles, militaires de préférence, arborent les références fascistes et catholiques intégristes, malmènent les « souz » (les sous-hommes qui refusent leur logique) et harcèlent systématiquement les jeunes femmes (les « grosses », « juste bonnes à être engrossées ») afin qu’elles craquent et libèrent les places qu’elles occupent indument à leurs yeux. « En quasi toute impunité », et sous l’œil attendri des officiers « portés, même inconsciemment, à fermer les yeux sur certaines pratiques qui leur rappellent leurs jeunes années ». Macron s’est abstenu de toute réaction. C’est pourtant d’une lettre d’une des victimes qui lui était adressée, et qui est restée sans réponse, que toute l’affaire est sortie. Début avril, la ministre des Armées, Florence Parly a annoncé « l’exclusion de Saint-Cyr-l’École des élèves impliqués » et des « mesures disciplinaires » pour les cadres concernés, à défaut des procédures judiciaires qu’on aurait espérées. Reste à vérifier que ces mesures ne resteront pas cosmétiques, Libération évaluant en effet à 60 sur 230 le nombre des agresseurs les plus actifs. Il faut aussi rappeler que, si la progression de carrière dans l’armée repose officiellement sur la méritocratie, la reproduction sociale et idéologique joue en réalité à plein pour l’accès aux postes les plus sensibles. C’est ainsi la crème de Saint-Cyr qu’on retrouvera plus tard parmi les officiers les plus en vue qui mettront en œuvre la politique militaire de la France en Afrique. Avec toute l’attention portée aux droits de l’homme que l’on connaît…