Il y a tout juste 30 ans, la militante anti-apartheid Dulcie September, représentante en France de l’ANC, était assassinée à Paris avec des méthodes de professionnels. L’enquête française a été close sans suite en 1992. En 1998, un colonel sud-africain a reconnu devant la Commission Vérité et Réconciliation avoir commandité l’assassinat et accuse un mercenaire français proche de Bob Dénard d’être l’un des tueurs missionnés. Le ministère de l’Intérieur français dirigé par Charles Pasqua avait refusé une protection policière à la militante qui se savait menacée. La complicité des autorités françaises est donc posée. « De ce que l’on sait, les bureaux de Dulcie ont été nettoyés et ses notes emportées par les services de renseignement français peu de temps après son meurtre », rappelle l’historien Hennie Van Vuuren (Rfi.fr, 29/03). « Elle était sur la piste d’une histoire de missile atomique français », explique la journaliste néerlandaise Evelyne Groenink qui a eu accès aux archives privées de September. « Paris utilisait l’Afrique du Sud comme alliée pour développer leur capacité nucléaire [respective]. Ça n’était pas juste la France vendant des armes à l’Afrique du Sud, mais la France utilisant un pays paria pour développer ses propres intérêts ». « Si lors de son séjour à Paris, Dulcie a trouvé des informations sur des sociétés françaises – et notamment des sociétés d’Etat – comme Aérospatiale ou Thomson CSF, aujourd’hui Thales, qui vendaient des armes aux régimes d’apartheid, elle aurait exposé ces réseaux », confirme Van Vuuren. « Des réseaux qui remontaient jusqu’à la présidence française et les responsables des services de renseignement qui fournissaient le régime d’apartheid avec la technologie française la plus sophistiquée de l’époque. »
