Survie

Salauds de victimes !

rédigé le 2 avril 2018 (mis en ligne le 2 mai 2018) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Le 18 mars, dans son « duel » hebdomadaire avec Raphaël Glucksmann sur France Inter, l’édi­torialiste Natacha Polony s’est improvisée ex­perte de ce génocide : « on est typiquement dans le genre de cas où on avait, j’allais dire, des salauds face à d’autres salauds (...) il n’y avait pas d’un côté les gentils et de l’autre les mé­chants dans cette histoire. » Bien qu’interloqué, Glucksmann a trouvé les mots justes : « en 1994, il y a des gens qui commettent un génocide et des gens qui sont victimes du génocide. Et la France, malheureusement – et c’est notre honte et c’est là­-dessus que nous devons faire la lu­mière –, la France a choisi d’être du côté de ceux qui commettaient le génocide. Ça ne veut pas dire que la France a voulu le génocide. Mais ça veut dire qu’à aucun moment, le fait qu’il y ait génocide n’a entraîné de remise en cause de la politique française. C’est pas des salauds face à des salauds. C’est des bourreaux face à des victimes et on a choisi le camp des bourreaux. » La semaine suivante, Polony a jus­tifié qu’elle avait juste paraphrasé Rony Brauman, de Médecins Sans Frontières, pour expliquer que « ce n’est pas parce qu’ils ont mis fin au génocide que Paul Kagame et ses troupes sont des saints, et qu’ils sont des gens biens. » Nouvelle mise au point salutaire de Glucksmann : « vous savez, les Soviétiques, quand ils libèrent Berlin, ou les Alliés, quand ils bombardent Tokyo, font des crimes. [Et] il ne viendrait à l’idée de personne de dire que la Deuxième Guerre mondiale est une affaire... d’égalité dans le crime ».

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