Le 18 mars, dans son « duel » hebdomadaire
avec Raphaël Glucksmann sur France Inter, l’éditorialiste Natacha Polony s’est improvisée experte de ce génocide : « on est typiquement dans
le genre de cas où on avait, j’allais dire, des
salauds face à d’autres salauds (...) il n’y avait
pas d’un côté les gentils et de l’autre les méchants dans cette histoire. » Bien qu’interloqué,
Glucksmann a trouvé les mots justes : « en 1994,
il y a des gens qui commettent un génocide et
des gens qui sont victimes du génocide. Et la
France, malheureusement – et c’est notre honte
et c’est là-dessus que nous devons faire la lumière –, la France a choisi d’être du côté de
ceux qui commettaient le génocide. Ça ne veut
pas dire que la France a voulu le génocide.
Mais ça veut dire qu’à aucun moment, le fait
qu’il y ait génocide n’a entraîné de remise en
cause de la politique française. C’est pas des
salauds face à des salauds. C’est des bourreaux
face à des victimes et on a choisi le camp des
bourreaux. » La semaine suivante, Polony a justifié qu’elle avait juste paraphrasé Rony Brauman,
de Médecins Sans Frontières, pour expliquer que
« ce n’est pas parce qu’ils ont mis fin au génocide
que Paul Kagame et ses troupes sont des saints,
et qu’ils sont des gens biens. » Nouvelle mise au
point salutaire de Glucksmann : « vous savez, les
Soviétiques, quand ils libèrent Berlin, ou les
Alliés, quand ils bombardent Tokyo, font des
crimes. [Et] il ne viendrait à l’idée de personne
de dire que la Deuxième Guerre mondiale est
une affaire... d’égalité dans le crime ».